L’audition de Nicolas Sarkozy a repris ce 21 mars dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre, près de Paris, où l’ancien président français est interrogé sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Trois possibilités existent pour Nicolas Sarkozy à l’issue de sa garde à vue, qui ne peut excéder 48 heures et s’achèvera donc nécessairement au plus tard le 22 mars à 8h du matin. Si les éléments à charge sont décrétés trop filandreux, mal étayés et hypothétiques, l’ancien président français ressortira libre. Il peut aussi être reconvoqué à une date ultérieure.

A l’inverse, si le dossier est solide, l’ancien maire de Neuilly sera alors présenté aux juges d’instruction afin d’être mis en examen. Dans ce cas, Nicolas Sarkozy serait donc inculpé pour la troisième fois, après les affaires Bygmalion et Paul Bismuth. Il s’agirait d’un scénario inédit pour un ancien chef de l’Etat en France.

L’équation est complexe. Cinq ans de procédure doivent être examinés en deux jours. Nul doute que chaque pièce du dossier, chaque témoignage et chaque procès-verbal sera âprement discuté par Nicolas Sarkozy et ses avocats.

« Sarkozy doit rendre l’argent »

 Ce dossier a prospéré grâce à des témoignages et parfois des déclarations fracassantes. « Nicolas Sarkozy doit rendre l’argent », lançait ainsi l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, en 2011. Une note des renseignements libyens est ensuite apparue, laissant entrevoir un possible financement illicite.

Les juges se sont alors intéressés aux flux financiers entre d’anciens dignitaires de Tripoli et des intermédiaires français. Comme Ziad Takieddine qui affirme avoir transporté 5 millions d’euros en espèces de Tripoli à Paris pour les remettre à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. Ces propos ont été confirmés, notamment par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignement militaire du régime de Mouammar Kadhafi.

Ces opérations suspectes et ces témoignages à charge alimentent donc les soupçons. La somme de 50 millions d’euros venue de Tripoli est avancée, mais les preuves tangibles font défaut et Nicolas Sarkozy a toujours rejeté ces accusations. Jusqu’à ce coup d’accélérateur des derniers jours qui signifie peut-être que la justice a cette fois rassemblé suffisamment d’éléments pour inquiéter le candidat victorieux de la présidentielle 2007.

RFI