Devenue aveugle à l’âge de seize ans, depuis un certain temps, Fatoumata Bah, vice-présidente de l’Association guinéenne pour la promotion des aveugles, chargée des femmes, s’élève contre le ministère de l’Action sociale qui selon elle, ne consentit aucun effort pour la formation et l’insertion des handicapés en général et des aveugles en particulier.

Le regard fixe le verbe clair, Canne blanche en main, c’est à elle que nous dédions notre page invité. 

Pour commencer, qu’est ce que vous reprocher au ministère de l’Action sociale? 
Ça les plaît de nous voir dans les rues, devant les Mosquées en train de mendier. Nous sommes les sacs à emplir de sacrifices disait-elle pour commencer.
Vous avez une école où vous devriez aller vous formez ; de quoi vous plaignez-vous ?
Certes, la formation d’un aveugle commence par l’établissement d’un lieu mais étant donné la mission dévolue à l’école, sans outils pour le transformer, cet aveugle dans cet institut ne sera qu’un simple ornement fut-il un endroit
Le saviez-vous qu’il est arrivé une année où nos jeunes ont fait une année blanche ?
Intéressez-vous à cette école, je vous en prie, car si naître aveugle est difficile, croyez-moi que le devenir à l’âge adulte est encore plus difficile à digérer.
Qu’est-ce qui vous manque au sein du centre Sogué ?
Tout manque là-bas. Le bus de ramassage tombe souvent en panne ; ils disent ne pas avoir d’argent pour acheter le carburant et les manuels de formations sans oublier les tablettes, bref tous les outils de travail manquent totalement à ce centre. L’état ne le dote pas, et les diplômés sans emploi sont laissés sur leur propre compte.
On ne sait même pas la part du budget national que l’état accorde à ces centres de formations pour handicapé. Certains cadres de ce ministère dans le souci de se faire de l’argent vont jusqu’à détourner le prix du carburant pour certains jours de la semaine rendant ainsi impossible la fréquentation régulière des élèves. 
Le 11 novembre 2012 vous avez fait une marche pacifique en direction de la primature, mais votre mouvement a été très vite étouffé à coup de gaz et de ceintures. N’aviez-vous pas peur de refaire l’expérience de ces malheureux incidents ?
Tout d’abord, nos pensées à ces journalistes qui ont fait avec nous les frais des coups que nous avons essuyés. Je pense surtout à certains qui se sont vu retirer leurs dictaphones et leur caméras cassées. En ce qui concerne notre engagement, je vous dirai simplement que l’honneur et le respect résident dans le combat pour la bonne cause ; et cette bonne cause, c’est bien entendu le respect de nos droits. Pour le respect de nos droits, jamais nous ne cesserons de nous battre en tant qu’AGUIPA
Jusqu’où contiez-vous mener ce combat ?
Ma grand-mère disait souvent, « lorsque les yeux du corps se ferment, c’est ceux du cœur qui s’ouvrent. Ce combat, nous le mènerons jusqu’au bout. Nous ne nous battons contre personne, mais simplement pour le respect de nos droits.
Faire en sorte que les aveugles vivent eux aussi épanouis partout où qu’ils se trouvent dans ce pays. Tel est le combat au sein de l’association guinéenne pour la promotion des aveugles AGUIPA et particulièrement, c’est l’affaire de nous les femmes dans cette association.