Il est dix-sept heures. L’ombre de la nuit est présente. Oui ! Elle est là. Elle inonde la ville. Au seuil de la capitale, l’impressionnant pont de la « Liberté » règne sur le fleuve « Rouge. » Il coule comme il le fit hier avec du vermeil humain. Il est là, suivant sa pérégrination lente et il coulera toujours. Ce pont est l’expression du génie Français.
La route s’allonge entre deux perles de rizières à perte de vue d’où sortent des paysans aux sourires cristallins, accompagnés de buffles qui se relèvent d’une journée de labour.
Le centre-ville se pointe à l’horizon. Une grappe compacte et déferlante de cyclistes et de motocyclistes envahissent les chaussées. Voitures, motos, cyclomoteurs et pousse-pousse se côtoient çà et là. Quelle marée humaine motorisée !
Avec une cadence fluide, les usagers des routes vietnamiennes ont le mérite d’éviter le moindre accrochage. Ce qui dénote de la finesse caractérielle de ces asiatiques.
C’est fabuleux !
Le Musée Hô Chi Minh et le cercueil en verre de cette figure historique, fondateur de l’État vietnamien attestent le sens de l’Histoire incarnée par l’oncle « Ho ». D’ailleurs l’esplanade du Musée sert de randonnée nocturne aux jeunes cyclistes Hanoiens, envoûtés par des cascades imaginaires. Ce sont des « cascadeurs » en herbe.
Ici gît le quartier colonial Français tapi dans une architecture qui rappelle l’autre siècle. Quoi qu’il en soit, il est indéniable qu’on ne résiste pas aux charmes des lacs Hanoiens où la romance, les vers pétillants des poètes de l’Amour l’emportent sur le gazouillis du quotidien.
En ces lieux, les nénuphars se métamorphosent sous les rayons de midi, et, éclos au seuil du crépuscule laissant apparaître des fleurs rouges qui distillent tout au long des lacs les parfums du soir…
A l’encablure de Haiphong, la baie du D’Along, fascinante et énigmatique. Elle attire, mais plonge les esprits curieux dans une inquiétude majeure. On y remarque la traversée furtive des jonques, la légende attribue l’histoire de sa forme physique à la chute d’un dragon.
Il y a aussi Saigon, le vieux sud du Vietnam, aujourd’hui Hô Chi Minh Ville. Elle est le prototype de l’occidentalisation féerique de l’économie vietnamienne. C’est le havre réel du décollage économique de ce pays.
Là aussi, on retient son souffle : rue Catinat, repère social des mendiants mutilés, victimes des « vicissitudes de l’histoire. »
Par ricochet, son passé de conquérant force l’admiration du nouveau venu. La rencontre avec le Général Giap, l’homme qui a gagné toutes les guerres du Vietnam est saisissante, fascinante, en présence de son épouse, professeure d’Histoire, très attentive, vous ramène à l’histoire récente de ce pays asiatique qui a tant bataillé pour sa liberté et son indépendance.
En somme, on s’accroche à la fascination dans ce pays car ce peuple est fascinant par sa bravoure, sa patience, et, par l’éternel sourire, énigme d’un état d’esprit.
Le mariage dans la Vallée du Mékong
Il est vraiment rare pour un étranger d’assister à un mariage traditionnel dans la vallée du Mékong.
Mais la curiosité culturelle mesurée vous ouvre de temps à autre les portes des énigmes. Voyons !
Le mariage s’étale sur trois jours. Ce sont trois jours de festin. L’alcool de riz (comme le saké japonais) coule à flots.
Des chansons évoquant l’Amour fusent de partout, et, de partout, l’on saute et l’on danse dans l’espace mitoyen des mariés.
Dans le foyer (la maison), l’autel est dressé avec trois bougies (qui seront allumées par les mariés) Si les offrandes des membres de la famille élargie sont omniprésentes, la mère de l’époux s’illustre au mieux en offrant des bijoux aux adolescents qui convoleront en justes noces. Ce sont toutes ces communautés qui bénissent le mariage. C’est là que l’avoir matériel de la famille entre en ligne de compte, car, dans cette connexion de gratification le couple fait mieux, les parents en font autant, les voisins de même ! Et l’assistance y trouve son compte.
C’est à bord d’une jonque ou d’une autre embarcation qu’on emmène la mariée au foyer de son époux. Le trajet est déblayé de trente salves de fusil afin de chasser les mauvais esprits. Les parents de la femme se soucient surtout des lendemains, pour assurer l’avenir du couple.
La cérémonie proprement dite se déroule autour de l’autel où à tour de rôle on allume les bougies qui laissent filtrer des flammes chiches. D’ailleurs, tout près de l’autel et des bougies, rôde « l’esprit du dragon. »
En ces lieux le mariage est scellé en présence de toutes les familles.
Le départ des époux à la fin de la cérémonie est empreint d’une profonde émotion qui marque la séparation d’une femme de sa famille.
Après trois jours de cérémonies fastes, les nuits de noces prennent le relais et laissent libre cours aux gestes inféodés à l’amour. La décoration de la pièce se prête à cela. C’est un immense voile blanc immaculé qui accueille la première nuit des noces de ces jeunes qui s’unissent devant Dieu et devant les hommes