A deux jours du premier tour de la présidentielle, la campagne est bouleversée par l'attaque sur les Champs-Elysées. Trois des onze candidats ont bousculé leurs agendas et annulé des déplacements. Ce 21 avril au matin, au lendemain d'une émission politique, elle aussi chamboulée, ils ont rivalisé de déclarations martiales pour lutter contre le terrorisme, lors de conférences de presse.
Dans les dernières heures de la campagne, chacun, même au risque d'être accusé de récupération, veut apparaître comme le plus protecteur aux yeux des Français.
La première, à 10h, a été la patronne du Front national (FN). Un discours musclé pour Marine Le Pen qui sur notre antenne ce matin disait « redouter un nouvel attentat » avant le vote de dimanche. La candidate FN demande désormais au gouvernement « d'ordonner la restauration des frontières et l'expulsion immédiate des fichés S étrangers ».
Même ton martial de la part de François Fillon, une heure plus tard. Il entend « combattre d'une main de fer » le « terrorisme islamiste » et annonce que, lui président, il maintiendra entre autres l'état d'urgence et le contrôle aux frontières.
Enfin, Emmanuel Macron a affirmé dès le soir de l'attaque que la lutte contre le terrorisme devait être « la priorité » du futur chef de l'Etat. « Je serai implacable dans le combat pour votre sécurité », a-t-il ainsi déclaré dans une posture de chef de guerre. Il a aussi pointé du doigt la faute commise par le gouvernement il y a dix ans, quand François Fillon était Premier ministre, en affaiblissant le renseignement territorial. Il a aussi expliqué bien sûr que lui le rétablirait et créerait 10 000 postes dans les forces de l’ordre et une « task force » dédiée à la lutte contre le terrorisme.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve offensif
Même si Emmanuel Macron a aussi affirmé qu’il ne fallait pas céder à la surenchère, on voit bien que se joue aujourd’hui par déclaration interposée le dernier match de ce premier tour avec François Fillon et Marine Le Pen.
Ces derniers jours, dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on craignait d’ailleurs une situation comme celle qui vient de se produire, analyse notre journaliste Valérie Gas, une attaque terroriste qui pourrait perturber la fin de la campagne.
Pour le candidat d’En Marche ! qui n’a pas d’expérience sur les sujets régaliens de défense, de sécurité, il fallait donc montrer ou essayer de montrer qu’il est à la hauteur, crédible et capable, lui aussi, de lutter contre le terrorisme, pour ne pas laisser un François Fillon ou une Marine Le Pen profiter de la situation.
Bernard Cazeneuve a pris la parole à l'Elysée à la mi-journée. Le Premier ministre leur a sèchement répondu, les accusant d'avoir choisi l'outrance et la division. « Quand Mme Le Pen demande la restauration immédiate de nos frontières nationales, elle fait mine d'ignorer que c'est ce gouvernement qui a rétabli le contrôle aux frontières », a-t-il déclaré.
« La plus grande fermeté prévaut donc en la matière, sans arbitraire, a ajouté le locataire de la place Beauvau. La facilité n'est pas la fermeté, ni l'outrance le gage de la fermeté ».
Campagne chamboulée
L'attaque des Champs-Elysées a bouleversé les agendas des candidats pour la dernière journée. François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont tous trois annulé leurs déplacements prévus aujourd'hui au profit, donc, de conférences de presse. D'autres candidats ont choisi de poursuivre leur campagne.
Jean-Luc Mélenchon doit ainsi rencontrer à Paris leader de Podemos dans l'après-midi. Benoît Hamon maitient sa visite sur les terres de Jaurès à Carmaux au même moment. Ce vendredi matin, il a jugé sordide la surenchère politique autour de l'attaque.
La campagne se poursuit donc pour quelques heures encore jusqu’à minuit ce soir. Difficile de mesurer quel impact cet attentat aura ou pas sur le vote des Français, alors que les quatre candidats donnés favoris dans les sondages se tiennent toujours au coude-à-coude selon les mêmes instituts de sondage.
RFI