Initialement prévue, ce lundi 10 mai, la réunion du Conseil Paix et sécurité de l’Union africaine s’ouvrira demain, mardi 11 mai, à Addis-Abeba. Une réunion cruciale pour le Tchad car y sera présenté le rapport de la délégation ayant enquêté sur le processus de transition ouvert après la mort d’Idriss Déby, il y a trois semaines, et la prise du pouvoir par un Conseil militaire de transition constitué de quinze généraux.

L’Union africaine doit à présent décider de sanctionner ou de ne pas sanctionner le Tchad pour la prise de pouvoir qui s’est faite en dehors des règles constitutionnelles. Une décision à prendre sur les bases, donc, du rapport de la délégation du Conseil paix et sécurité de l’UA qui a séjourné à Ndjamena.

D’ores et déjà, les discussions s’annoncent tendues. Les conclusions de la délégation ne seront présentées que mardi mais, selon certaines indiscrétions, elles iront dans le sens d’un accompagnement des autorités de transition et non d’une suspension du Tchad des instances de l’Union africaine et ce, afin de conserver l’appui du Tchad et de son armée, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.

Cette indulgence est assortie de conditions sur la durée de la transition – dix-huit mois maximum – ou encore sur l’organisation d’un dialogue national inclusif aboutissant à un partage du pouvoir avec les civils.

Revenus de Ndjamena la semaine dernière, les auteurs du rapport ont rencontré les nouvelles autorités, à commencer par le chef du Conseil militaire de Transition et fils du président défunt, Mahamat Idriss Déby – à plusieurs reprises même – ainsi que les chefs de l’opposition et de la société civile.

Ils ont forcément scruté, aussi, le déroulé de la journée de samedi, avec une manifestation de la coordination citoyenne Wakit Tama, autorisée sous condition, finalement interdite mais tolérée puis, violemment réprimée.

Si les recommandations présentées mardi seront suivies, la non suspension du Tchad, en dépit du caractère anticonstitutionnel de la prise du pouvoir par le CMT, serait contraire aux principes de l’Union et ferait figure d’exception. Certains pays membres y sont farouchement opposés.

RFI