Le gouvernement guinéen s'apprête à lancer un appel d'offres pour deux permis miniers pour le gisement de fer du mont simandou. Ces blocs avaient été repris au groupe israélien BSGR en 2014 suite aux recommandations d'un comité d'audit dénonçant "l'existence de pratiques de corruption" ayant entaché leur attribution.
La Guinée se prépare à lancer un nouvel appel d’offres sur les blocs 1 et 2 du mont Simandou, connu pour ses réserves faramineuses en fer, les plus importantes du continent. « C’est imminent, sans doute d’ici la fin juillet, le gouvernement veut aller vite », indique un avocat qui travaille sur le dossier pour le compte des autorités de Conakry.
Les deux permis miniers avaient été auparavant attribués au groupe minier BSGR de l’homme d’affaires israélien Beny Steinmetz en 2008, associé en 2010 avec le Brésilien Vale. Ils leur avaient été retirés par le gouvernement en 2014 du fait de soupçons de corruption entre la société BSGR et le régime de Lansana Conté. Les deux blocs 1 et 2 du Mont Simandou sont situés au sud des blocs 3 et 4, actuellement détenus sur le même massif par l’anglo-australien Rio Tinto.
Potentiel
La conjoncture actuelle de la filière du minerai de fer, qui a perdu plus de 40 % de sa valeur en 2014, ne dissuade pas Conakry de lancer cette procédure. « Le gouvernement ne veut plus attendre, cela fait deux ans qu’il se prépare. Le potentiel de ces gisements – qui pourraient représenter 5 % de la production mondiale en phase d’exploitation – est suffisant pour attirer les plus grands groupes miniers. Rien n’empêchera Rio Tinto, ni Vale de concourir à l’appel d’offres », précise notre source, qui évoque de possibles autres soumissionnaires comme le suisse Glencore et le britannique AngloAmerican.
Les avocats qui accompagnent la Guinée dans le dossier disent ne pas craindre une insécurité juridique liée aux nombreuses procédures en cours relatives aux transactions réalisées par le passé sur ces gisements, qu’il s’agisse de celle enclenchée par Rio Tinto (à qui les blocs 1 et 2 avaient été originellement attribués) contre Vale et BSGR à la cour fédérale de New York aux États-Unis, celle lancée par Vale contre son ex-partenaire BSGR à la cour d’arbitrage de Londres (LCIA), ou encore celle portée par BSGR contre la Guinée au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements de Washington (CIRDI).
« Dans le cadre de la procédure au CIRDI entre BSGR et la Guinée, des condamnations à payer des dommages et intérêts peuvent être infligées, mais pas une annulation des permis octroyés à l’issue de ce nouvel appel d’offres, cela ne s’est jamais vu dans ce type d’affaire », affirme l’un des avocats conseil de la Guinée.
Source Jeune Afrique