Au Sénégal, la mort de l’étudiant Fallou Sène, tué par les forces de l’ordre il y a huit jours, n’en finit pas de secouer le « landerneau » politique. Alors que les syndicats étudiants, qui revendiquent que la justice passe, ont prévu des marches dans toutes les villes où sont installées de facultés ce jeudi 24 mai, la classe politique, déjà en campagne pour la course à la présidentielle, multiplie les surenchères vis-à-vis notamment des proches de l’étudiant.
Les délégations se sont succédé ces derniers jours dans la maison de la famille de Fallou Sène. Comme si cette concession était devenue un point de passage obligé pour tout acteur politique digne de ce nom. Pas moins de deux ministres ont représenté le président Macky Sall avec une enveloppe de 10 millions de francs CFA soit 15 000 euros. Plus étonnant, deux billets d’avion pour aller à la Mecque et des promesses d’emplois pour la veuve et le frère de l’étudiant tué par les forces de l’ordre. Outsider dans la course à la présidence,Idrissa Seck a lui promis de refaire la maison et le mur d’enceinte de la concession.
Pour Fadel Barro du mouvement « Y’en a marre », une fois de plus, les acteurs politiques sont prêts à tout pour convaincre les électeurs. « C’est le temps de la récupération, de la récupération politico-politicienne. Au lieu de poser de vraies questions, de voir pourquoi les bourses ne sont pas payées à temps, mais surtout pourquoi cette poussée autoritaire et cette répression policière de plus en plus dans notre pays, au lieu de s’occuper de ces vraies questions, les leaders politiques sont souvent en train de faire ce qui savent faire le mieux, de la récupération pour séduire les électeurs », explique-t-il.
Toujours dans l’attente d’éléments précis sur la mort de Fallou Sène, le procureur de Saint-Louis avait promis de boucler l’enquête dimanche dernier. La famille de l’étudiant reste mobilisée, tout comme les syndicats étudiants qui ont prévu des manifestations dans toutes les facultés du Sénégal ce jeudi.
RFI