Le procureur spécial de la CREI, Cheikh Tidiane Mara, a fait connaître le 17 février ses réquisitions contre les neuf prévenus soupçonnés d'être des complices de Karim Wade dans l'affaire d'enrichissement illicite qui lui est reprochée. Dans l'attente du jugement, qui a été mis en délibéré au 23 mars, "Jeune Afrique" revient sur ce que risquent les "seconds couteaux" du procès.

Mis à jour à 19h03.

Est-ce parce que le fils de l'ancien président incarne plus que tout autre, aux yeux des Sénégalais, les dérives prédatrices des années Wade ou parce qu'il a réellement amassé, entre 2000 et 2012, des milliards de francs CFA pillés dans les caisses de l'État que la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) en a fait sa cible prioritaire ?

D'un point de vue purement arithmétique, Karim Wade est passible d'une condamnation pour enrichissement illicite puisque la valeur des éléments de patrimoine qu'il dit avoir acquis (comptes bancaires, véhicules et propriétés immobilières à son nom) excèdent les revenus qu'il a officiellement engrangés pendant cette période, que la CREI estime à 768 000 euros.

Mais plutôt que de se satisfaire de cet écart qui suffirait, au titre de la loi sur l'enrichissement illicite, à le faire condamner, la CREI a échafaudé un audacieux scénario qui postule que Karim Meïssa Wade serait le propriétaire occulte d'une myriade de sociétés – dans les domaines aéroportuaire, immobilier ou financier – dans lesquelles il n'apparaît pas officiellement.

Sur la base de cette thèse insuffisamment étayée par les enquêteurs et les magistrats, son patrimoine, estimé à 1,2 milliard d'euros s'est dégonflé à la veille de son renvoi en jugement, dégringolant subitement à 178 millions d'euros – dont 71,6 millions qui proviendraient d'un mystérieux compte bancaire à Singapour dont aucun document dans la procédure ne confirme l'existence.

"Système de prête-noms"

Considéré par le Parquet spécial comme l'instigateur d'un "système de prête-noms" et d'avoir "orienté vers ses amis tous les marchés juteux du Sénégal", Karim Wade est, avec Mamadou Pouye, le seul prévenu à demeurer en détention depuis le mois d'avril 2013. Mardi 17 février, le ministère public a requis contre lui sept ans de prison, une amende de 380 millions d'euros, la confiscation de tous ses biens et la privation de ses droits civiques pendant dix ans. Pour chacun de ses co-accusés Karim Aboukhalil, Évelyne Riout-Delattre et Mballo Thiam, la même amende de 380 millions d'euros a été requise.

Dans sa chute, Karim Wade a entraîné avec lui neuf complices présumés, qui tous contestent avoir joué le moindre rôle dans son enrichissement présumé illicite. Alors que le jugement du procès a été mis ce jeudi en délibéré au 23 mars,Jeune Afrique dresse la galerie de portraits des principaux protagonistes du dossier.

JA

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