CREATOR: gd-jpeg v1.0 (using IJG JPEG v62), quality = 75
Ce pourrait être un proverbe africain. On peut l’appliquer à la politique des médias. RSF demande au président de la République de Guinée de ne pas restreindre la liberté du journalisme et de favoriser le développement des médias dans son pays, qui figure à la 101ème place du Classement mondial de la liberté de la presse.

Reporters sans frontières (RSF) encourage le président de la République de Guinée, Alpha Condé, à ne pas entrer dans une logique d’affrontement avec les médias. Lors d’un entretien le samedi 25 novembre au palais présidentiel à Conakry, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a exprimé au chef de l’Etat les inquiétudes de l’organisation et des associations de médias en Guinée : « M. le Président, nous vous demandons aujourd’hui dans un esprit constructif de ne pas tenir des propos relevant de l’intimidation. Cette dernière ne fait pas une politique. Comme pourrait le dire un proverbe africain, on ne brûle pas la savane parce qu’il y a des mauvaises herbes. L’ambition de qualité journalistique est légitime, mais elle ne saurait passer par la fragilisation des médias. »

Cette entrevue, à laquelle participait le secrétaire général de l’Union de la presse francophone (UPF) Jean Kouchner, survenait dans un contexte de tension depuis quelques semaines entre le président et les médias. Quelques heures plus tôt, en clôture des 46èmes assises internationales de l’UPF qui se tenaient à Conakry, Alpha Condé avait prononcé un discours très offensif contre la presse. Le chef de l’Etat guinéen avait dénigré sans nuances les journalistes du pays, affirmé que « personne ne lui faisait peur », et que les médias qui donneraient la parole au responsable syndical Aboubacar Soumah seraient immédiatement fermés. Ce discours virulent a suscité un émoi très fort parmi les défenseurs de la liberté de la presse.

Le président international de l’UPF, Madiambal Diagne, a souligné les efforts de la Guinée s’agissant de la législation sur la presse: « Mais la situation des médias en Guinée, comme sans doute dans de nombreux autres pays de la sous-région, semble épouser le sort de Sisyphe. A chaque fois qu’on arrive à penser que le plus difficile est passé, un enchaînement de situations provoque un recul déplorable. Vous avez la légitimité et l’autorité morale pour changer davantage les choses. » RSF a exprimé à Alpha Condé sa reconnaissance d’avoir promulgué les lois sur la liberté de la presse et sur la Haute autorité de la Communication (HAC) après sa prise de fonction en 2010. Mais les décisions de cette dernière paraissent trop souvent discrétionnaires. Enfin, la HAC ne répond pas aux demandes d’agrément des médias pour ensuite leur reprocher de n’être pas en règle.

Lors de son entrevue avec RSF, Alpha Condé a affirmé être « prêt à accompagner les médias » si ces derniers « se regroupent et mettent de l’ordre chez eux ». Considérant que le journalisme ne saurait être pleinement exercé sans conditions économiques satisfaisantes, RSF veillera aux mesures prises pour le renforcement des médias dans le plein respect de la liberté de la presse. Attachée aux principes notamment éthiques qui fondent le journalisme et à l’importance de la formation, RSF formulera avec l’UPF des propositions pouvant permettre des avancées notables en Guinée.

RSF