Après le général Gilbert Dienderé, c’est au tour du général Djibrill Bassolé, l’un des cerveaux présumés du putsch avorté de 2015 d’être entendu devant le tribunal depuis mercredi.
Assis sur une chaise à la demande de ses avocats, le général Djbrill Bassolé était tout de blanc vêtu. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures et trahison, l’ex-chef de la diplomatie burkinabè a rejeté toutes les charges et plaidé « non coupable ».
Avant même que le président du tribunal ne lui demande de donner sa version des faits, l’un de ses avocats prend la parole et sollicite une suspension. Les conseils de Djibrill Bassolé ont déposé une plainte pour faux au tribunal de grande instance de Ouagadougou contre les rapports d’expertise téléphonique.
Selon Maître Dieudonné Bonkoungou, l’un des avocats de Djbrill Bassolé, le rapport d’expertise versé dans le dossier aurait subi des modifications après sa première présentation aux différentes parties et la signature de l’expert changent d’un document à l’autre. « Ce qui est curieux, c’est que la prestation de serment qui est intervenue bien après et qui devrait au moins comporter la même signature que celle apposée dans le dernier rapport est différente. Nous avons compris qu’à un moment, l’expert a dû reprendre son rapport pour purger les vices, pour le rendre valable, estime-t-il. Or, ce n’est pas possible. »
Le parquet militaire accuse les avocats de Djibrill Bassolé de vouloir empêcher l’interrogatoire de leur client. Une accusation soutenue par les avocats des victimes. « Pourquoi à quelques jours de la comparution de leur client attaquent-ils les rapports devant la justice ? », dénonce Maître Prosper Farama.
Pour les deux parties, le rapport d’expertise figurant dans le dossier n’a subi aucune modification ou manipulation. « Toutes les irrégularités concernant ce rapport d’expertise ont été soulevées par la défense de Djibrill Bassolé, tranché par les juges au niveau de la chambre de contrôle, donc en réalité ce rapport d’expertise est aujourd’hui, juridiquement, gravé dans le marbre. Il est irréversible », insiste Maître Guy Hervé Kam, l’un des avocats des victimes.
Après des heures de débat, le général Djibrill Bassolé prend alors la parole et demande à être interrogé sur le fond du dossier. « J’aimerais qu’on commence mon interrogatoire, quitte à revenir plus tard sur le débat concernant les pièces incriminées », déclare-t-il.
Malgré ce souhait exprimé par le général Djbrill Bassolé, le président du tribunal décide de poursuivre les échanges autour des préoccupations de ses avocats.
RFI