Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour, et Marine Le Pen se sont qualifiés dimanche 23 avril pour le second tour de l'élection présidentielle. Ce duel entre candidats « hors-système » constitue un véritable séisme dans la vie politique de la Ve République. Voici les principaux enseignements à tirer de ce scrutin historique.
Les résultats de ce premier tour sont l'aboutissement indédit d'une campagne présidentielle de plusieurs mois riche en rebondissements. Ce dimanche 23 avril 2017 gardera certainement une place toute particulière dans l’histoire de la Ve République avec la qualification d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour.
Pari gagnant pour Macron
Pour la première élection de sa carrière politique, Emmanuel Macron a réussi le casse du siècle. Avec 23,9%, l’ancien banquier a joué sa carte du « ni droite ni gauche » avec brio pour finir en tête du premier tour. Profitant des déboires judiciaires de François Fillon et de la chute du Parti socialiste, l'ex-ministre de l'Economie a réussi une ascension fulgurante. Depuis hier, une union quasi sacrée s’est même formée derrière lui, et la majorité des cadors de la droite et de la gauche l’ont officiellement soutenu. Le candidat d’En Marche ! est plus que jamais en position favorable pour succéder à François Hollande, le 7 mai prochain. Reste désormais à savoir sur quelle majorité il s’appuiera au Parlement s'il est élu, après les élections législatives de juin. Ces échéances électorales seront déterminantes.
Le Front national continue de grimper
De son côté, Marine Le Pen, elle, s’installe encore un peu plus dans la vie politique française. Avec 21,4% des voix, le score en pourcentage le plus élevé du Front national à une présidentielle, la candidate d’extrême droite a de nouveau marqué les esprits. De plus, avec 7,7 millions de voix, elle a dépassé le record historique de suffrages du Front national lors d’une élection. Cependant, Marine Le Pen n’est pas parvenue à décrocher la première place, que les sondages lui ont longtemps promis depuis deux ans. « C’est vrai qu’en interne, c’est une véritable déception », assure Valérie Igounet, historienne spécialiste de l’extrême droite.
La débâcle des partis historiques
Ce premier tour a littéralement fait exploser la gauche et la droite de gouvernement. Avec environ 26 % à eux deux, les candidats du PS Benoît Hamon et des Républicains François Fillon atteignent un total historiquement bas. Pire, aucun des deux partis ne sera présent au second tour pour la première fois de l’histoire.
Avec seulement 6,3% des voix, Benoît Hamon a vécu une véritable humiliation. Large vainqueur de la primaire de la gauche, le candidat socialiste n’a jamais réussi à créer une dynamique autour de sa campagne et a vu ses intentions de vote chuter de jours en jours, qui se sont reportées sur Jean-Luc Mélenchon, à l'extrême-gauche, qui réalise une percée majeure. Benoit Hamon a ainsi réuni le plus mauvais score du PS à la présidentielle depuis 1969 et les 5% de Gaston Defferre.
François Fillon, de son côté, a certes fait un bien meilleur résultat que le candidat socialiste avec 19,9%, mais ce résultat reste une véritable déception. En effet, au sortir de la primaire de la droite et du centre, François Fillon était donné grand favori pour remporter l’élection. « On voit bien que pour le parti des Républicains, et significativement pour François Fillon, c’est un recul historique. Un recul de plus de deux millions de voix par rapport à Nicolas Sarkozy qui était président sortant [en 2012]. C’est une vraie déroute », affirme d’ailleurs Frédéric Micheau, directeur des études d'opinion chez OpinionWay.
Les résultats d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qualifiés au second tour, mais aussi celui de Jean-Luc Mélenchon qui a réuni 19,6% des voix avec sa France insoumise, montrent implacablement que la stratégie hors système était gagnante.
RFI