La justice sud-africaine a interdit au président soudanais, Omar el-Béchir, présent dimanche à Johannesburg pour l’ouverture du sommet de l’Union africaine, de quitter le pays tant qu’elle n’avait pas étudié la demande de son arrestation émise par la CPI.
La justice sud-africaine n’entend pas laisser Omar el-Béchir quitter le pays. Dimanche 14 juin au matin, un tribunal de Pretoria, saisi par une ONG, a rendu un jugement demandant au gouvernement d’empêcher Omar el-Béchir de quitter le territoire national tant que la justice ne se sera pas prononcé sur la demande d’arrestation du président soudanais formulée par la Cour pénale internationale (CPI). Attendue dans l’après-midi, la décision du tribunal a finalement été reportée à lundi matin. El-Béchir est, entre-temps, interdit de quitter l’Afrique du Sud.
Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité durant le conflit au Darfour, ce dernier est visé par un mandat d’arrêt international depuis 2009. Invité par l’Union africaine (UA), il est arrivé samedi soir vers 22h00 à Johannesburg pour participer au 25è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation panafricaine.
Béchir sur la photo de famille de l’Union africaine
De leur côté, les autorités sud-africaines ont d’abord affirmé n’être pour rien dans la présence d’el-Béchir sur leur sol, déclarant qu’il est à Johannesburg dans le cadre du sommet de l’UA. Un communiqué de l’African national congress (ANC), le parti au pouvoir, a ensuite salué, dans l’après-midi, la décision gouvernementale d’appliquer l’obligation d’immunité accordée aux participants de ce genre de sommets, en conformité avec les normes internationales. « Le comité national exécutif du parti considère que la Cour pénale internationale ne répond plus aux objectifs pour lesquels elle a été créée : être une cour de dernier ressort pour juger les crimes contre l’humanité », ajoute ce communiqué.
Omar el-Béchir, lui, était donc bel et bien présent à l’ouverture de ce 25è sommet de l’UA. « Pourquoi voulez-vous qu’il s’en aille ? Il ne craint rien », lâche, confiant, un membre de sa délégation. Comme ses homologues, le président soudanais a posé à la mi-journée pour la traditionnelle photo de famille du sommet. Visiblement à l’aise, il était même au premier rang, à quelques mètres à peine de Jacob Zuma. Une photo officielle qui ne manquera pas d’alimenter la polémique en Afrique du Sud, mais aussi de relancer le débat sur les relations tendues entre l’UA et la CPI.
Avec Jeune Afrique