Depuis 24 heures, au large de la Libye, la situation humanitaire est catastrophique. Plusieurs embarcations ont été repérées et leurs passagers récupérés par des navires de secours. Surchargés, les bateaux de fortune se retrouvent souvent submergés par les flots. Les organisations humanitaires ont un rôle de premier plan dans ces sauvetages qui ont concerné depuis ce mardi près de 2 500 personnes. Et ce mercredi, les opérations se sont poursuivies.

C’est un va-et-vient pénible qui s’est déroulé aujourd’hui au large de la Libye. Pendant plusieurs heures, les Zodiacs de la fondation maltaise MOAS ont ramené à bord de leur navire de secours non seulement des survivants terrifiés, mais aussi plus d’une trentaine de corps de noyés, surtout des enfants, aussitôt enveloppés dans des sacs mortuaires.

Autour de l’embarcation, la situation a longtemps été désespérée. De nombreux passagers sont tombés à la mer, après avoir été bousculés par une grosse vague. Et à bord, les sauveteurs ont dû forcer en urgence les verrous de la soute où des dizaines de personnes avaient été enfermées par les passeurs.

1 800 personnes en détresse mardi

Ce drame survient au lendemain d’une autre scène de cauchemar. Puisque ce mardi, les équipages de trois navires d’ONG étaient en train de secourir environ 1 800 personnes en détresse à bord de 14 embarcations disparates, au-delà des eaux territoriales libyennes lorsque soudain des vedettes rapides des gardes-côtes libyens sont apparues. Elles ont alors fait usage de leurs armes légères.

On ignore précisément qui était visé, mais toujours est-il que des migrants pris de panique ont sauté à la mer, heureusement, avec les gilets de sauvetage que les ONG leur avaient fournis. Les gardes-côtes ont ensuite, sous la menace de leurs armes, pris le contrôle de deux navires de migrants, qu’ils ont reconduits à terre, en Libye, en violation du principe de « non-refoulement ». Finalement, ce sont 1 004 personnes qui ont été hissées à bord de navires de secours, mardi, après 10 heures d’intervention.


L’inquiétude des ONG

La pression grandissante exercée sur les migrants brutalisés en Libye va sans doute pousser plus de monde à prendre la mer cet été. C’est du moins l’avis de Julian Pahlke, le porte-parole de l’ONG allemande Jugend Rettet, qui affrète un navire de secours en Méditerranée.

Mais quant à la situation au large, rien n’est sûr : « Nous ne savons pas encore à quoi nous attendre, pour ce qui est de l’Opération Sophia*. Son mandat doit être prolongé en juin et nous ne savons pas quel en sera le contenu. Vont-ils commencer à procéder à des refoulements ? Ou vont-ils participer plus activement aux opérations de secours ? De plus, les gardes-côtes libyens vont disposer de plus de bateaux. Personne ne peut dire si les opérations de secours pourront se faire en toute sécurité. »

Par ailleurs, selon lui, l’agressivité grandissante des gardes-côtes libyens rend la situation encore plus périlleuse. D’autant qu’on ne sait pas vraiment qui ils sont : « En Libye, il n’existe pas à proprement parler d’institution appelée ‘gardes-côtes’. Tous les groupes le long de la côte ont quelque chose qu’ils baptisent ‘gardes-côtes’. On ne peut donc pas dire si ceux qui ont interrompu notre opération mardi, en faisant usage de leurs armes, étaient ou non formés par l’Opération Sophia. Et les Européens non plus ne peuvent pas le dire. C’est difficile à dire. Et de plus, on ne sait pas si le soutien aux gardes-côtes libyens va continuer. » A ce jour, les autorités européennes n’ont pas condamné publiquement les agissements des Libyens.

* force navale européenne en Méditerrannée

JA

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