New-York le 28 Septembre 2015

À son Excellence Mr. Ban-Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU.

En ce jour du sixième anniversaire des massacres et des viols de femmes à Conakry par la junte militaire du CNDD, le 28 Septembre 2009, notre organisation vient par cette lettre demander votre intervention pour mettre fin au déni de justice des victimes et de leurs familles.

Durant les six dernières années, de nombreuses organisations de victimes et des droits de l’homme, tant guinéennes qu’internationales ont fait des démarches multiples auprès de la CPI et des instances de l’ONU pour que les accusés des crimes contre l’humanité soient traduits en justice.

Même des demandes conservatoires – et apaisantes pour les victimes – de dépouillement de leurs fonctions officielles, des militaires présumés coupables de ces crimes ont été ignorées par le gouvernement guinéen. 

Par contre, pendant les six dernières années, le gouvernement guinéen s’est livré à une exploitation des crimes de 2009 à des fins de divisions ethniques et de gains politiques.

Suite à l’annonce par Dadis Camara de sa candidature aux élections présidentielles, le gouvernement procéda enfin à son inculpation.

Toutefois, en défiance à toute logique, quand Daddis Camara voulut retourner en Guinée, Mr. Alpha Condé obtiendra de son homologue ivoirien son refoulement vers le Burkina-Faso.

Le refus d’entendre devant la cour de justice un citoyen inculpé, montre que Mr. Alpha Condé est prêt à tout pour noyauter le processus judiciaire. 

Bien d’autres actions du gouvernement guinéen illustre le refus délibéré de faire justice sur les crimes.

En exemple, Mr. Alpha Condé, déclara publiquement en Octobre 2014, avoir demandé aux « blancs » de laisser tomber les enquêtes sur les crimes de 2009.

En outre, son ministre de la justice avait déclaré que ceux qui veulent que justice soit rendue ont des arrière-pensées politiques. 

Suite à ces malencontreuses déclarations, et comme nous l’avons régulièrement fait à plusieurs autres occasions, dont les anniversaires des massacres du 28 Septembre 2009, Pottal-Fii-Bhantal a interpellé la CPI pour qu’elle prenne en charge les enquêtes.

Durant les 6 dernières années, nous avons attiré l’attention de toutes les instances internationales sur l’attitude du gouvernement guinéen ainsi que le passé de violence politique et d’impunité en Guinée, pour souligner l’impérieuse nécessité que la CPI prenne aussi en charge les procès des accusés, à l’instar des procès de la Sierra-Léone.

Les luttes et les sacrifices des peuples africains pour l’émergence d’une société de droit et de la démocratie depuis les années 90 se heurtent à une culture incrustée d’impunité érigée en moyen de gouvernement et de pérennisation au pouvoir.

Les récents évènements au Burkina-Faso montrent avec éclat la nécessité de l’éradication de cette culture pour que la démocratie s’enracine. 

En Guinée, du fait d’une tradition encore plus solide de répression et d’impunité, les élections présidentielles du 11 Octobre 2015 s’annoncent avec tous les dangers. A leur approche, le spectre des violences qui caractérisèrent la campagne et la déclaration de la victoire de Mr. Alpha Condé surgit à l’horizon et dans les esprits. 

La Guinée et le Burkina-Faso ne sont que quelques exemples de pays africains où les victimes de la violence d’état sont laissées pour compte alors que les présumés coupables de crimes contre l’humanité trônent dans les hautes sphères de l’administration ou dans des exiles dorés.

C’est dans de tels contextes que les instances internationales, dont l’ONU, engagent des ressources humaines et financières considérables pour l’organisation de consultations électorales.

A la lumière des tragédies et des déconvenues qui résultent des élections, beaucoup d’organisation des droits de l’homme, dont Pottal-Fii-Bhantal, estiment que cette inversion de priorité empêche l’enracinement de la bonne gouvernance en Afrique.

Il est grand temps d’engager, sous vos auspices, une consultation internationale élargie pour que les ressources consacrées à la lutte primordiale de l’éradication de l’impunité – pour la poursuite, sans répit et à l’échelle mondiale de tout individu accusé de crimes contre l’humanité, tel que les résolutions de l’ONU le permettent – soient alignées à la hauteur de l’enjeu. 

Potttal-Fii-Bhantal vous assure de son entière disponibilité pour apporter son concours à une telle consultation.
Nous vous prions de croire à nos sentiments distingués.

La Commission centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta Djallon

 

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