Le premier président noir d’Afrique du Sud est hospitalisé depuis quatre jours pour une infection pulmonaire.
L’hospitalisation de Nelson Mandela, admis à 94 ans pour une infection pulmonaire à répétition, se prolongeait mardi pour la quatrième journée consécutive dans une clinique de Pretoria désormais sous surveillance policière. En début d’après-midi, la présidence sud-africaine a publié un bref communiqué, indiquant seulement que Mandela était dans un état « grave, mais stable ». Rien de rassurant, donc.
Lundi soir, un cordon de police a été érigé devant l’accès principal du Mediclinic Heart Hospital, dont la présidence sud-africaine n’a pas confirmé officiellement qu’on y soignait le héros de la lutte anti-apartheid. Mais les médias du monde entier campent devant cet établissement privé en attendant des nouvelles après y avoir vu entrer plusieurs membres de la famille ces derniers jours.
Depuis mardi matin, les voitures circulant aux abords de cette clinique spécialisée sont soumis à une fouille minutieuse, de même que les piétons, priés de présenter et ouvrir leurs sacs à main. À l’entrée, les vigiles de l’hôpital ont été renforcés par des policiers en faction pour tenir à distance la presse qui continue d’affluer tandis que l’Afrique du Sud anticipe des adieux. « Qunu (le village d’enfance de Mandela, ndlr) se prépare au pire », titrait mardi le quotidien Sowetan, tandis que les photos de son ex-femme Winnie, venue à son chevet la veille, barrait les unes.
Nelson Mandela reçoit « des soins intensifs », indiquait lundi le porte-parole de la présidence Mac Maharaj, précisant qu’il était toujours en état de recevoir des visiteurs, en nombre limité afin de le préserver des microbes. Le premier président noir d’Afrique du Sud et fer de lance du combat qui a renversé le régime ségrégationniste de l’apartheid doit fêter ses 95 ans le 18 juillet. Les appels se multiplient depuis samedi pour que les équipes médicales ne s’acharnent pas outre mesure sur le vieil homme. Tout au long de sa vie, Mandela a toujours pris un soin jaloux de sa santé et été soucieux de respecter les prescriptions médicales. « Même en prison il faisait très attention et nous encourageait tous à faire régulièrement de l’exercice », rappelait son vieil ami « Kathy », Ahmed Kathrada. Il avait la conviction que « si on n’est pas en bonne santé, on ne peut pas avoir des responsabilités, politiques ou autres », rappelait-il.
Malgré cette discipline, Nelson Mandela souffre des séquelles d’une tuberculose contractée pendant ses années de réclusion sur l’île-bagne de Robben Island, au large du Cap où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de prison sous l’apartheid. L’humidité des cellules et la poussière de chaux inhalée pendant les heures de travaux forcés dans une carrière de ce pénitencier de haute sécurité ont durablement endommagé ses poumons.
Mandela n’est plus apparu en public depuis la coupe du monde de football organisée par son pays en 2010, et depuis 2011, il en est à son quatrième séjour à l’hôpital pour un problème pulmonaire ou respiratoire, sans compter un check-up en mars dernier. Sa dernière hospitalisation, qui a duré dix jours, remonte à fin mars-début avril.
Des images de lui avaient ensuite été diffusées par l’ANC le montrant très affaibli, impassible, assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pied, la peau du visage parcheminée et le regard fixe, alors que ses visiteurs plaisantaient autour de lui.
Nelson Mandela, bien que retiré de la vie publique depuis des années, reste le symbole d’une Afrique du Sud unie par delà ses divisions raciales encore obsédantes. Il incarne le miracle d’un pays passé du régime ségrégationniste à la démocratie en 1994. Beaucoup de Sud-Africains se sentent infiniment redevables, qu’il s’agisse de la majorité noire qui a pu voter pour la première fois le 27 avril 1994 ou de tous ceux dont la vie a changé.
Nomishini Krexa, une femme de mineur, originaire de Qunu, racontait dans les colonnes du Star mardi comment avant 1994, elle n’avait pas le droit de voir son mari, logé dans un foyer interdit aux familles. « On pouvait se parler uniquement à travers les grilles », dit-elle, alors qu' »après la libération de Mandela, j’ai pu vivre avec mon mari dans une chambre ». Et d’ajouter : « Je me demande, où serons-nous quand il ne sera plus là ? »

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