L'ex-président malien Amadou Toumani Touré, surnommé ATT, a été auditionné à Dakar en tant que "témoin" dans l'enquête française sur un présumé financement libyen en faveur de l'ex-chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, a-t-on appris mardi auprès de son entourage.
M. Touré, exilé à Dakar depuis avril 2012, peu après le renversement de son pouvoir, "a été convoqué en tant que témoin par la DIC (Division des investigations criminelles, police judiciaire sénégalaise) dans le cadre d'une commission rogatoire française", a indiqué cette source proche ayant requis l'anonymat, sans préciser la date de cette audition.
Selon elle, la DIC "lui a demandé ce qu'il sait du financement libyen" dont aurait bénéficié M. Sarkozy, dossier dans lequel est cité Amadou Cheikh "Bani Kanté, un de ses conseillers qui dirigeait un fonds d'investissements libyens". Elle a exclu toute autre audition de M. Touré dans cette affaire.
Joint par l'AFP, un responsable de la DIC a décliné tout commentaire. Des médias ont rapporté que l'audition de M. Touré a eu lieu le 24 mars.
M. Kanté, ancien chargé de mission à la présidence, est un ex-représentant des investissements libyens en Afrique de l'Ouest. Son nom a circulé dans les médias comme possible "porteur de valises" du régime du colonel Mouammar Kadhafi, renversé et tué en 2011.
Interrogé par l'AFP depuis Bamako en août 2014, M. Kanté avait "catégoriquement" démenti avoir eu connaissance d'un éventuel financement libyen de la campagne de Sarkozy.
Nicolas Sarkozy et plusieurs de ses proches ont été placés sur écoute en septembre 2013 dans l'enquête sur les accusations, non étayées jusqu'à présent, d'un financement par la Libye de sa campagne victorieuse de 2007.
Amadou Toumani Touré a été renversé le 22 mars 2012 par des militaires qui l'accusaient d'incurie dans la lutte contre les groupes armés alors actifs dans le nord du pays. Il a quitté Bamako en avril 2012 avec sa famille pour Dakar, où il vit depuis.
Il est menacé d'un procès pour "haute trahison" par le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013.
Fin décembre 2013, le gouvernement malien avait notamment mis en cause M. Touré pour avoir, pendant son mandat, laissé le Nord tomber aux mains des groupes armés. L'Assemblée nationale a ouvert il y a quelques mois une enquête pour décider d'éventuelles poursuites.
Avec AFP