Un gros titre à la Une de la presse française, le cadeau de Noël déposé dans le soulier de l’Europe : l’accord post-Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni.

« Un accord historique au pied du sapin », lance Le Parisien, dans un article illustré d’une photo de Boris Johnson, tout sourire, les pouces « brandis », tel – non-pas un mais deux – empereurs romains dans l’arène, les bras écartés en « V », comme « Victoire » (ou plutôt « Victory », comme disent Messieurs les Anglais).

Un Premier ministre britannique « triomphal », estime ce quotidien. Lequel souligne un détail de ladite photo difficilement perceptible à l’œil nu : la cravate de Boris Johnson y est « ornée de poissons en hommage aux pêcheurs » !  L’annonce de cet accord « historique » entrera « dans les livres d’Histoire », c’est un « véritable événement », sa conclusion dans le contexte sanitaire en quelques mois « relève de l’exploit », rehausse Le Parisien.

Côté français, on se réjouit aussi. Mais le diable se dissimulant dans les détails, il conviendra maintenant d’éplucher scrupuleusement les deux mille pages de l’accord. Et justement, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ne dit pas autre chose. « Il nous faut à présent vérifier que nos points essentiels ont été pleinement pris en compte », souligne Jean-Yves Le Drian dans Le Parisien.

Conclu à l’issue de dix mois « d’âpres négociations », cet accord répond aux attentes des entreprises. En France, les milieux économiques « respirent », car « le pire » a été évité, énonce ce journal.

Pas de version papier du journal Le Figaro ce matin (et pas seulement parce que le jour de la naissance de l’enfant Jésus est férié en France, puisque ce quotidien conservateur brillera aussi par son absence dans les kiosques demain samedi), mais depuis hier soir, c’est bien l’accord post-Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni qui est à la Une de sa version en ligne.

Et comme dans une semaine, comme prévu, l’Union européenne et le Royaume-Uni vont bel et bien divorcer, l’accord annoncé hier après-midi est un vrai « cadeau de Noël », lance le site de ce journal ! « Le divorce, voulu au nom de la souveraineté recouvrée (du Royaume-Uni) sera (…) plus doux. Et l’UE voit aussi son partenaire s’éloigner sans totalement larguer les amarres », se réjouit ce site Internet, « la réussite des négociations est un soulagement pour les Vingt-Sept ».

À Londres aussi, pour la presse, cet accord est un beau cadeau de Noël. C’est en effet ce que constate le site de Libération (également absent des kiosques ce matin), outre-Manche, l’heure est au « soulagement ». Côté agriculteurs toutefois, au contraire, « on s’inquiète » et les pêcheurs, non plus, « ne sautent pas de joie », pointe Libération en ligne.

Mais pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, c’est une victoire de taille. « Exactement un an après son élection avec une majorité de 80 sièges, Boris Johnson a finalement rempli sa seule promesse électorale : conclure un accord commercial post-Brexit avec l’Union européenne, souligne Libération. Qu’il soit finalement modeste, qu’il intervienne après des mois (des années) de tergiversations, menaces et dates limites imposées et dépassées, l’accord est là. Brexiters et presse populaire vont pouvoir se glorifier de la nouvelle indépendance de leur pays et de la rupture des chaînes qui, selon eux, empêchaient le royaume de prospérer », ajoute Libération.

Reste que, des deux côtés de la Manche, l’heure est au soulagement. « L’économie sinistrée par les mesures sanitaires évite la catastrophe du no deal, se réjouit Le Parisien. Dans la hotte du Père Noël, il y a parfois des cadeaux inespérés ».

RFI