Ce dimanche, 3 mai 2020, l’humanité célèbre la 27ème Journée internationale de la liberté de la presse. Instaurée par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) en décembre 1993, à travers la Déclaration de Windhoek (Namibie), cette journée permet à la société mondiale d’évaluer l’état de santé d’une si précieuse liberté.

Cette Déclaration, exigeait aux Etats membres, l’établissement, le maintien et la promotion d’une presse pluraliste, libre et indépendante et mettait l’accent sur l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie au sein d’un Etat, ainsi que pour son développement économique.

Ainsi, aux yeux de l’URTELGUI, le 3 mai s’offre à la presse comme une occasion annuellement bien indiquée de célébrer ses avancées et de s’inquiéter des tares et obstacles à la pratique et à la pleine jouissance des avantages de cette liberté dans un système démocratique en construction ou évolué.

Les hauts et les bas ainsi relevés dans l’exercice de la liberté de la presse dans chaque pays, déterminent éminemment la santé de sa démocratie. Toutefois, à l’heure où il ne serait pas exagéré de considérer la liberté de la presse comme l’oxygène de toute démocratie véritable et pérenne, il est malheureusement à constater que celle-ci connait des fortunes diverses d’un pays à un autre, d’une région à une autre, voire d’un continent à un autre.

Le rapport de Reporters sans frontières (RFS), publié en amont de la célébration du 3 mai, constitue aujourd’hui un repère éloquemment expressif de l’état contrasté de la liberté de la presse à travers le monde. Ce rapport se faisant notamment l’écho du respect et des efforts de promotion et de protection de cette liberté dans 180 pays sur notre planète.

Du coup, les acteurs guinéens ont pu constater que le Rapport de cette année confirme, non sans préoccupation, que la Guinée poursuit depuis trois (3) ans sa chute vers des rangs qui n’honorent guère un pays qui, toutes proportions gardées, fait partie des précurseurs africains de la libéralisation des ondes et de la dépénalisation des délits de presse.

Hélas ! A l’ombre des menaces proférées contre les médias, de la privation fantaisiste de leur liberté à des hommes et femmes de médias, de la violence parfois meurtrière contre les journalistes et de l’adoption de lois destinées à empiéter sur la Loi 002 portant Liberté de la presse, la Guinée occupe la 110ème place dans le classement mondial 2020, publié par Reporters sans frontières. Nous rendant ainsi au triste constat que la Guinée, en plus d’avoir encore reculé de trois points indiciaires, est plus mal classée que ses six pays voisins.

Cette tendance au recul, année après année, doit être stoppée nette, à travers un engagement politique tout aussi net de garantir et promouvoir la liberté de la presse, porteuse de progrès socioéconomique et d’évolution démocratique profitables à toute la société guinéenne.

Ce 3 mai 2020, la Guinée célèbre sans grand-messe et ni airs festifs, cette Journée internationale de la liberté de la presse, en raison du contexte mondial inédit de pandémie de Covid-19. Une situation qui aura marqué au fer rouge la presse guinéenne, qui voit ainsi plusieurs de ses hommes et femmes à l’épreuve de cette terrible maladie. L’Urtelgui saisit cette sacro-sainte date, pour exprimer sa pleine solidarité et toute son admiration à tous les confrères et consœurs qui ont lutté et continuent de lutter contre ce virus. Leur courage et leur combativité constituent un gage de vitalité et de résilience de l’ensemble de la presse guinéenne.

Au demeurant, les nombreux cas positifs au nouveau coronavirus enregistrés dans la presse, en plus d’être regrettables, font de notre corporation l’un des fers de lance des efforts nationaux destinés à lutter contre cette maladie en Guinée.

C’est le lieu pour l’URTELGUI d’exhorter les pouvoirs publics à ne pas considérer la presse nationale, notamment la presse privée, comme quantité négligeable, en la reléguant au rang de la 5ème roue du carrosse. L’URTELGUI, au nom des médias privés qui sont frappés de plein fouet par la crise tous azimuts induite par le Covid-19, exige que le gouvernement inscrive donc la presse guinéenne parmi les premiers bénéficiaires du train de mesures articulées dans le Plan de riposte économique contre cette pandémie.

Les entreprises de presse qui se débattaient déjà dans une crise qui dure depuis des années, voient aujourd’hui leurs emplois menacés, alors que leurs activités se réduisent comme peau de chagrin.

L’URTELGUI estime qu’il urge de prendre en compte les préoccupations économiques de ces médias, dont l’apport est si essentiel au succès de la lutte anti-Covid et à la sauvegarde de nos acquis démocratiques.

Refusons ensemble que le Covid-19 soit une menace destructrice