Ayant été empêché de tenir sa marche pacifique pour dénoncer l’insécurité grandissante, la Société civile guinéenne a finalement publié un mémorandum qu’elle a adressé au Premier Ministre guinéen. Votre quotidien en ligne vous propose l’intégralité de ce document.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, au moment où toute la Société Civile Guinéenne est réunie pour rédiger ce mémorandum, c’est le peuple de Guinée qui pleure Thierno Aliou DIAOUNE. La mort de l’un de ses fils les plus représentatifs de l’élite guinéenne, le vendredi 06 février 2015 dans la commune de Ratoma, précisément au quartier Fossidé à 22 heures, quand il regagnait son domicile à Kobaya.
Ces tueries devenues banales et quotidiennes amènent chacun de nous à se demander qu’est ce qui se passe dans notre pays.
La Guinée qui aspirait à devenir une démocratie, se doter d’institutions adéquates pour disposer d’un Etat de Droit exerçant pleinement ses rôles régaliens et apportant naturellement aux citoyens la quiétude, la sécurité quotidienne, la justice et le plein exercice des libertés fondamentales.
Seulement aujourd’hui, plus que jamais, les fils et filles de ce pays ont peur pour leur vie mais aussi et surtout pour la vie de la nation guinéenne.
Des hommes sans foi ni loi tuent ça et là, endeuillent des familles pour tout simplement satisfaire leur sale besogne.
Nous disons Stop ! Trop c’est trop ! Le sang d’un guinéen ne doit plus couler impunément, encore moins dans l’arbitraire, dans l’indifférence des pouvoirs publics. Le sang d’un guinéen ne doit plus couler à cause de son origine, son opinion, par injustice ou tout simplement à cause de l’insécurité qui est sans cesse galopante.
La Guinée a une vocation de paix, de stabilité, de cohésion sociale et de partage. Mais aujourd’hui, ces valeurs sont dévoyées, transformant la Guinée en un pays de haine, de règlement de compte dont les filles et les fils valeureux tombent quotidiennement sous les balles d’assassins de tout acabit jamais appréhendés et jugés. Où se trouvent les valeurs de la République dans un tel contexte ?
La Société Civile Guinéenne dit non à cette façon de faire. Se taire contre cette injustice, c’est une démission. Elle est au service exclusif des citoyens pour exprimer haut et fort au gouvernement les aspirations profondes des populations.
Dans leur rôle de défense des citoyens et des gardiens des valeurs de la République, les organisations de la Société Civile Guinéenne exigent immédiatement à l’Etat, à travers ses services spécialisés :
1)-Que l’assassinat de Thierno Aliou DIAOUNE et ses circonstances soient rapidement élucidés ;
2)-Que les services concernés par l’enquête et toutes les enquêtes criminelles soient dotés de tous les moyens nécessaires aux investigations afin quelles soient professionnelles et efficaces, aboutissant à l’arrestation immédiate des criminels ;
3)-Que les autres complices et commanditaires soient arrêtés, jugés et condamnés à la hauteur de leur forfaiture et accomplissent pleinement leurs peines.
4)-Que la Société Civile Guinéenne soit autorisée à élever une stèle sur le lieu de l’assassinat de Thierno Aliou DIAOUNE en hommage aux différentes victimes des crimes et assassinats.
5)-Que les différents postes de police et de gendarmerie soient équipés et les agents suffisamment formés pour mieux assurer la sécurité de proximité, et répondre efficacement aux nombreuses sollicitations des citoyens.
6)-Les unités de patrouille soient suffisamment dotées de moyens humains et matériels.
7)-Qu’un véritable dispositif de recueil et de traitement de l’information relative aux crimes soit organisé au niveau des services de sécurité qui devront recevoir la formation adéquate pour assurer la collaboration de la population civile sur les questions de sécurité.
Comme vous le savez, M. le premier ministre, aujourd’hui, aucun citoyen, quelque soit son rang dans notre société, est réellement en sécurité. C’est pourquoi nous vous demandons d’examiner avec diligence les revendications rassemblées dans ce mémorandum car elles sont aussi prioritaires que la satisfaction des besoins de base de se nourrir ou de se vêtir.
En répondant positivement à ces revendications, vous aurez contribué au rétablissement de l’ordre et la quiétude sociale dans notre cher pays, la Guinée.
La Société Civile Guinéenne résolument engagée dans la lutte contre le phénomène d’insécurité et de l’impunité, interpelle le gouvernement sans embase, les pouvoirs publics et les partenaires au développement pour mettre en place un véritable programme pour éradiquer définitivement ce phénomène et les auteurs, les commanditaires et les complices de ces assassinats et crimes crapuleux soient traduits devant les juridictions, et que la justice bénéficient de tous les moyens de son indépendance pour gérer ces cas de tuerie, que les prisons soient des lieux de rééducation mais pas les lieux d’évasion.
Mobilisons-nous tous contre les crimes et assassinats pour que cessent dans notre pays l’insécurité et l’impunité.
Vive la Guinée ! Vive la Démocratie ! Vive la Sécurité !