Guinéennes, Guinéens, chers compatriotes,

Je viens devant vous aujourd’hui pour évoquer l’évolution de l’épidémie à virus Ebola à laquelle est confronté notre pays.

Comme vous le savez, le 13 août 2014, j’avais signé la Déclaration d’urgence sanitaire nationale dans notre pays. A l’époque, l’épidémie était hors de contrôle et faisait de plus en plus de victimes sur toute l’étendue du territoire national.

Depuis cette date, 3.478 Guinéens ont été affectés, 1.880 sont décédés. Le personnel de santé a payé un lourd tribut avec 200 agents de santé infectés pour 108 décédés.

 

L’évolution générale de la gestion de la crise permet de noter des améliorations notables :

–        Les préfectures de la Guinée forestière sont depuis 21 jours sans Ebola : 0 cas de malade, 0 contact.

–        Les moyens techniques, les laboratoires mobiles et autres permettent de réduire les délais pour obtenir les résultats des tests.

–        Les populations sont de mieux en mieux sensibilisées et les derniers foyers de réticence sont en train de disparaître.

–        La rentrée scolaire s’est déroulée sans incident et les élèves et étudiants, mieux informés et plus engagés, participent pleinement à la lutte contre Ebola.

–        Aujourd’hui, les différents Centres de traitement accueillent 54 cas de malades confirmés et 26 suspects.

–        Les guéris d’Ebola sont de plus en plus nombreux et leur retour dans leurs familles est un signe encourageant.

 

Guinéennes, Guinéens,

Ce qui a été fait est important. Ce qui reste à faire est déterminant et vital. Comme disent les spécialistes des épidémies, il est plus facile de passer de 100 à 10 que de 10 à 0. C’est-à-dire que ce qui nous reste à faire est plus difficile que ce que nous avons déjà fait.

Et pourtant, j’ai le regret de constater qu’il y a de plus en plus un abandon de la vigilance et des précautions indispensables pour sauver la vie de nos populations. Toutes les mesures édictées par la Déclaration d’urgence sanitaire et les recommandations de la Coordination nationale sont de moins en moins suivies.

Ces négligences coupables se manifestent au cœur même de notre système de santé. Un service au sein d’un hôpital de la place et plusieurs cliniques privées ont été atteints par le virus. Il est extrêmement difficile d’admettre que le personnel de santé, qui a payé le prix fort devant cette épidémie, soit le vecteur au lieu d’être le rempart.

Egalement, la gestion des décès (inhumation, transfert de corps et cérémonies rituelles) sont, selon les conclusions des études réalisées, des facteurs de transmission, notamment à Conakry. Le déplacement intempestif de cas suspects d’un village à un autre, d’une préfecture à une autre est en train d’annuler l’impact de nos efforts.

La cartographie de l’épidémie aujourd’hui s’est déplacée vers le littoral de notre pays, dans les préfectures de Forécariah, Coyah, Kindia, Dubréka et Boffa. Dans cette zone densément peuplée, l’épidémie représente un risque réel pour la santé de notre Nation.

C’est pour cela que je déclare pour les Préfectures de Forécariah, Coyah, Dubréka, Boffa et Kindia une urgence sanitaire renforcée pour une période de 45 jours. A Conakry des mesures rigoureuses vont être aussi prises pour renforcer la vigilance dans les localités.

Les mesures suivantes doivent être prises et appliquées avec rigueur :

1.     Les services hospitaliers et cliniques privées au sein desquels des cas d’Ebola ont été déclarés doivent être temporairement fermés ; les malades qui y sont déjà présents doivent rester sur place et des mesures seront prises pour assurer leurs soins et leur nourriture ;

Les autres structures de soins qui n’appliquent pas les mesures de prévention doivent être également fermées.

2.     Tous les cas de décès, pendant cette période d’urgence sanitaire renforcée doivent être systémiquement testés.

3.     Tous les enterrements dans la zone couverte par l’urgence sanitaire renforcée doivent être préalablement sécurisés par la Croix Rouge ou la Protection Civile, dans le respect de la dignité humaine.

4.     Les cérémonies d’inhumation, de deuil et de condoléances doivent être réduites à la plus stricte intimité familiale ; les salutations et les regroupements rituels peuvent être renvoyés au-delà de la période d’urgence sanitaire renforcée.

5.     Toute personne qui cache des malades ou déplace des corps d’une localité vers l’autre sera poursuivie conformément à la loi pour mise en danger de la vie d’autrui.

6.     Des mesures d’accompagnement et de soutien aux familles et aux agents de santé doivent être renforcées par la Coordination nationale.

7.     Le Ministère de la Santé doit intensifier la supervision des établissements de soins et veiller à l’observation des mesures de prévention.

8.     Partout où besoin sera, pendant cette période d’urgence sanitaire, des mesures de cantonnement et de confinement seront prises et les efforts seront faits pour apporter un soutien alimentaire et sanitaire aux populations concernées.

9.     Tous les Départements ministériels, les régions, préfectures et communes, ainsi que les établissements et structures sanitaires doivent veiller à la stricte application des présentes mesures.

 

Guinéennes, Guinéens,

L’épidémie à virus Ebola impose une épreuve extrêmement difficile à notre pays et à nos frères et sœurs de la Sierra Leone et du Libéria.

Je lance un appel aux organisations de la société civile, aux partis politiques, aux élus locaux, aux syndicats, aux médias, aux jeunes et aux femmes pour une mobilisation générale et un engagement sans faille dans la lutte contre Ebola.

Ebola n’est pas finie, elle peut finir rapidement si nous respectons ces mesures.

Pour le devenir de notre Nation, nous devons, ici et maintenant, faire preuve de courage, de sacrifice et de discipline.

 

Que Dieu bénisse la Guinée.

 

 

Le Bureau de Presse de la Présidence

 

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