Le président français, François Hollande, a reçu, mercredi 5 juin, à Paris, le Prix de l’Unesco pour la paix, en présence de neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains, venus rendre hommage à son action militaire au Mali. Le président français a été récompensé pour sa contribution à la paix et à la stabilité en Afrique.
Cinq mois après le déclenchement de l’intervention militaire française au Mali – opération Serval – le 11 janvier, plusieurs chefs d’Etat africains ont tenu à faire le déplacement dans la capitale française pour rendre un nouvel hommage au chef de l’Etat français.
Parmi eux, le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré mais aussi le président ivoirien, Alassane Ouattara, président de la Communauté économique des omEtats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Tchadien Idriss Déby dont les troupes ont combattu avec les forces françaises au Mali, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur auprès des Touareg maliens.
François Hollande a tenu à insister sur le soutien apporté à l’intervention française par la Communauté internationale, les Africains au premier chef.
Le président français a également souligné que le combat n’est pas fini car « la situation au Sahel reste préoccupante, fragile », a-t-il déclaré, avant de poursuivre : « L’intervention de 2011, en Libye, qui n’a pas pu être menée jusqu’à son terme, a conduit à l’intervention de groupes multiples, à la dispersion d’armes et de mercenaires. Les terroristes se cachent donc dans toute la région et frappent aujourd’hui le Niger et peut-être demain se dirigeront-ils ailleurs en Afrique », s’est-il inquiété.
« Confiants »
C’est donc le jour même où François Hollande recevait le Prix de l’Unesco pour la paix que des combats opposaient, dans le nord du Mali, l’armée malienne aux rebelles touareg du MNLA, hostiles au déploiement de l’administration malienne dans leur fief de Kidal. Le président français s’est dit néanmoins « confiant » dans les efforts menés pour que l’élection présidentielle soit organisée, dans tout le territoire malien, le 28 juillet prochain.
« Les élections se tiendront à la date prévue dans tout le Mali, dans toutes les villes du Mali, et donc à Kidal, comme partout au Mali », a insisté François Hollande avant d’ajouter : « Aucun groupe armé ne peut rester armé au Mali ».
Pour sa part, le médiateur Blaise Compaoré, se dit, lui aussi, « confiant » dans une solution négociée avant les élections.
« Nous avons encore quelques jours de discussions et je pense que cela va aboutir. Je suis confiant », a déclaré le président burkinabè à RFI, tout en assurant que l’avancée de l’armée malienne vers Kidal ne compromettrait pas les chances d’une négociation pacifique.
« Nous discutons avec toutes les parties, donc ce dialogue que nous organisons, c’est aussi avec les Maliens. De part et d’autre, nous sentons cette nécessité d’aller vers la paix par le dialogue », a affirmé le président Blaise Compaoré qui a tenu à rappeler : « Nous sommes là pour accompagner les Maliens pour que les élections se déroulent sur tout le territoire malien. Voilà un peu notre mission. », a-t-il insisté.
Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, partage le même point de vue. Pour lui, les combats d’Anéfis ne sont pas une reprise de la guerre avec le MNLA ni un obstacle aux discussions prévues après demain, vendredi, à Ouagadougou, sous l’égide du médiateur Blaise Compaoré.
« L’armée est à Anéfis. C’est une décision qui avait été prise depuis bien longtemps. J’avais donné des instructions pour que nos troupes remontent vers Anéfis et dans une autre localité – toutes deux situées à 130 km de Kidal – mais ce n’est pas une décision consécutive aux derniers évènements qui ont eu lieu à Kidal. En aucun cas, cela ne saurait signifier une escalade vers la confrontation », a déclaré à RFI Dioncounda Traoré, tout en précisant : « Qu’il y ait des combats, cela ne met nullement en cause le dialogue et les discussions ».
Le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix a été créé en 1989 par l’Unesco. Il porte le nom du premier président de la République de Côte d’Ivoire et comprend un chèque de 150 000 dollars. Décerné par un jury international composé de onze personnalités originaires des cinq continents, le Prix Félix Houphouët-Boigny honore, chaque année, une personne vivante, institution ou organisme public ou privé en activité ayant contribué de manière significative à la promotion, à la recherche, à la sauvegarde ou au maintien de la paix, dans le respect de la Charte des Nations unies et de l’Acte constitutif de l’Unesco.
Le Prix a été déjà décerné à de nombreuses personnalités parmi lesquelles Nelson Mandela et Frederik De Klerk (1991), Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat (1994) et, plus récemment, l’organisation argentine « Les grands-mères de la place de mai » (2010)