Une responsable d’Amnesty International, en charge pour cette organisation d’une mission d’observation à la frontière franco-italienne, est poursuivie pour avoir aidé des migrants en situation irrégulière, a annoncé vendredi Amnesty.
Dans un communiqué publié conjointement avec l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), dont Martine Landry, la responsable en question, est également membre, Amnesty précise qu’il lui est reproché d’avoir, le 28 juillet dernier, «facilité l’entrée de deux mineurs en situation irrégulière (…), en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière côté Italie au poste frontière côté France».
Elle doit pour ces faits être jugée devant le tribunal correctionnel de Nice le 8 janvier prochain. Elle risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
Selon ces organisations, Martine Landry était «munie des documents attestant de leur demande de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE)». Toujours selon Amnesty International et l’Anafé, «les deux mineurs, tous deux âgés de 15 ans et d’origine guinéenne, ont par la suite été pris en charge par l’ASE».
Cette annonce intervient alors qu’une manifestation est prévue ce samedi à Menton, le long de la frontière franco-italienne, à l’appel de nombreuses organisations humanitaires, sous le mot d’ordre «Liberté pour tous et solidarité avec les migrants : ouvrez les frontières!». Ces organisations demandent notamment «l’abrogation de tout délit de solidarité» et «l’abandon de toutes les poursuites contre les citoyens solidaires».
Le 13 décembre, quatre retraités poursuivis pour avoir transporté en janvier des migrants en situation irrégulière près de la frontière italienne avaient vu leur condamnation à une amende de 800 euros avec sursis confirmée mercredi par la cour d’appel d’Aix-en-Provence.
Ces derniers mois, plusieurs autres militants associatifs, dont Cédric Herrou, figure de l’association Roya Citoyenne, ont été condamnés en appel pour le même type de délit à des peines d’emprisonnement ou d’amende avec sursis.
Ces poursuites interviennent dans un contexte de pression migratoire inédite, l’année 2017 devant se conclure, selon les déclarations de la préfecture des Alpes maritimes à différents médias, par le chiffre record de 50.000 interpellations d’étrangers en situation irrégulière dans les Alpes-Maritimes, avec un taux de reconduite en Italie de l’ordre de 98%.
AFP