Quelque 200 millions de victimes, dont près de la moitié vivent en Egypte, enEthiopie et en Indonésie. L’Unicef, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, a établi, jeudi 4 février, ce nouveau bilan des femmes et filles souffrant de mutilations génitales dans le monde. Ce chiffre dépasse de 70 millions la dernière estimation, qui datait de 2014, notamment en raison de nouvelles données fournies par Djakarta.
L’ONU s’est fixé pour objectif de faire cesser cette pratique d’ici à 2030, dans le cadre des objectifs de développement adoptés par 193 pays en septembre. Sur les personnes affectées, 44 millions sont âgées de 14 ans ou moins. Dans les 30 pays où les mutilations sont les plus répandues, la majorité des victimes ont été excisées avant d’avoir 5 ans.
Dans certains Etats, « une pratique presque universelle »
La Somalie, la Guinée et Djibouti restent les pays avec le taux de mutilation le plus élevé : 98 % des filles subissent des mutilations génitales dans le premier, 97 % dans le second et 93 % dans le troisième. « Dans [ces Etats], cette pratique est presque universelle », déplore Claudia Cappa, qui a dirigé la rédaction du rapport de l’Unicef. Maigre lueur d’espoir : le taux a en revanche régressé dans une trentaine de pays, dont le Liberia ou le Burkina Faso.
« Nous devons soutenir les efforts nationaux pour encourager l’abandon de cette pratique », insiste Mme Cappa, qui fait état de certains progrès « dans la manière dont les communautés considèrent [celle-ci] ». Depuis 2008, plus de 15 000 d’entre elles ont renoncé aux mutilations génitales féminines, dont 2 000 l’an dernier. Cinq pays ont même adopté des lois la criminalisant : le Kenya, l’Ouganda, la Guinée-Bissau et, récemment, le Nigeria et la Gambie.