Edward Snowden est devenu le lanceur d’alerte éthique (whistleblower) le plus recherché dans le monde. Il est à l’origine des révélations concernant deux programmes secrets de surveillance américains. Depuis, il déclare se cacher en Chine, tout en assumant clairement sa posture. Son alerte secoue les systèmes de surveillance américaine et relance les débats sur la sécurité des données privées sur Internet.
Edward Snowden était l’employé d’un sous-traitant de l’Agence de sécurité nationale américaine, la NSA. Il a révélé dimanche être à l’origine des fuites sur le programme américain de surveillance des communications. Edward Snowden a lancé ce qu’on appelle en français une alerte éthique (whistleblowing). Il s’agit du geste accompli par un individu qui est témoin, dans son activité professionnelle, d’actes illicites et qui, par civisme, décide d’alerter les autorités ayant le pouvoir d’y mettre fin. Les anglo-saxons désignent ce geste par l’expression whistleblowing, ce qui signifie littéralement « donner un coup de sifflet ».
La semaine dernière, le Washington Postet le quotidien britannique The Guardian ont, grâce à ses révélations, pu exposer successivement deux programmes secrets de l’Agence nationale de sécurité (NSA). L’un concerne la récolte depuis 2006 des données d’appels téléphoniques aux Etats-Unis par l’opérateur Verizon et vraisemblablement d’autres opérateurs. L’autre programme, appelé « Prism », vise à intercepter les communications d’internautes étrangers, se situant hors des Etats-Unis, sur neuf grands réseaux sociaux comme Facebook.
Dans un entretien publié par le quotidien britannique The Guardian, le jeune homme de 29 ans a indiqué dimanche s’être réfugié dans un hôtel de Hong Kong, au sud de la Chine. Il cite « la solide tradition de liberté d’expression » de Hong Kong, en disant espérer que les autorités ne l’extraderaient pas vers les Etats-Unis et envisage de demander l’asile à l’Islande, réputée soutenir « ceux qui défendent la liberté sur internet ». « Nous n’avons rien pour vous en ce moment », a cependant déclaré à l’AFP Scott Robinson, vice-responsable des affaires publiques du consulat américain à Hong Kong concernant la présence ou non d’Edward Snowden sur leur territoire
Edward Snowden s’exprime très clairement sur ses motivations. Selon lui, « internet est dans le principe un système auquel vous révélez votre personnalité pour en profiter complètement, c’est ce qui le différencie par exemple d’un simple lecteur de musique. Internet, c’est une télévision qui vous regarde. La majorité des gens dans les pays développés passent toujours un peu de temps à interagir sur Internet, et les gouvernements en profitent de manière à étendre leur puissance au-delà de ce qui est nécessaire et normal » Il a expliqué au Guardian qu’il n’avait jamais souhaité conserver l’anonymat : « Je comprends que je vais payer le prix pour mes actions » mais « je serais satisfait si les lois secrètes (…) et les pouvoirs tout-puissants de l’exécutif qui mène le monde que j’aime sont dévoilés, même pour un seul instant ».
« Mon unique objectif est d’informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux », assure-t-il encore. Selon lui, « la NSA ment systématiquement au Congrès quant à l’ampleur de sa surveillance aux Etats-Unis ». Et d’expliquer : « Je suis prêt à sacrifier tout cela parce que je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde avec ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » Il assume : « Je n’ai aucune intention de me cacher parce que je sais que je n’ai rien fait de mal. » Tout en reconnaissant toutefois : « Je ne pense pas pouvoir revenir chez moi. »

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