civils ont été tués dans le nord du Mali depuis 48 heures à Tin Hama, dans la région de Gao, pendant une attaque des rebelles mercredi puis à la suite de leur retrait, a-t-on appris vendredi auprès des deux parties.
La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a annoncé l'envoi vendredi à Tin Hama d'"une équipe d'enquête sur le terrain pour rapidement établir les faits", après avoir "reçu des rapports inquiétants faisant état de violations graves des droits de l'Homme et du droit international humanitaire, dont l'exécution hier (jeudi) d'un certain nombre de civils".
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) a accusé l'armée malienne d'avoir procédé jeudi matin à "l'exécution sommaire et publique" de neuf hommes, dont elle donne les noms, parmi lesquels un mineur, "au marché à bétail" de Tin Hama.
Cette accusation a été rejetée par le gouvernement, qui évoque dans un communiqué des "règlements de comptes sanglants entre des éléments de groupes armés" de Tin Hama jeudi, au lendemain d'une attaque menée par "des éléments de la CMA"
Les assaillants ont tué trois civils et se sont livrés à des pillages, avant d'être repoussés par l'armée malienne, affirme le gouvernement, qui "s'étonne des allégations d'exactions attribuées aux forces armées".
Il ne fournit cependant aucune explication sur l'origine des "règlements de comptes sanglants" ni les groupes armés impliqués dans ces violences, après le retrait des rebelles.
Selon la CMA et un porte-parole du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), une formation armée majoritairement touareg pro-Bamako, Algatek Ouwaha, les rebelles ont pris mercredi le contrôle de la localité avant de s'en retirer.
"La CMA est responsable" des violences à Tin Hama, "une base du Gatia où cohabitaient pacifiquement populations pro-MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad, rébellion touareg, NDLR) et pro-Gatia", a déclaré M. Ouwaha.
"Ils ont maltraité les gens", tuant un vieil homme et brûlant le corps d'un autre, et "après le départ de la CMA de la ville, il y a eu un règlement de comptes terrible parmi les populations qui se sont accusées d'avoir travaillé avec la CMA", a-t-il ajouté.
Dans son communiqué la CMA a affirmé que les neuf personnes "exécutées" à Tin Hama, dont un employé d'ONG européenne, "ont d'abord été arrêtées par la milice Gatia, puis remises aux soldats maliens présents qui les ont ensuite exécutées".
De son côté, Action contre la Faim (ACF)-Espagne a annoncé dans un communiqué la mort de Moussa Ag Mohamedoun – dont le nom figure sur la liste de la CMA – qui travaillait pour l'ONG comme animateur en sécurité alimentaire à Tin Hama "où des combats avaient eu lieu" entre groupes armés.
Elle "a décidé de suspendre ses activités dans le nord du Mali afin de comprendre les circonstances exactes de cette tragédie".
Selon un communiqué de la Minusma, "ces exactions feraient suite aux affrontements qui ont opposé le 20 mai des membres de la Plateforme (groupes pro-gouvernement) et de la CMA", et parmi les victimes supposées, "pourrait se trouver un travailleur d'une ONG internationale".
Le cessez-le-feu dans le nord du Mali est régulièrement bafoué depuis la prise le 27 avril par les groupes pro-gouvernementaux des positions rebelles à Ménaka, près de la frontière nigérienne.
Avec Jeune Afrique