Le président ivoirien Alassane Ouattara a été officiellement désigné dimanche candidat du Rassemblement des républicains (RDR) à l'élection présidentielle d'octobre prochain, dont il part favori face à une opposition divisée.

 

Ouattara, candidat à sa réélection

Le palais des sports de Treichville, un quartier d'Abidjan, a été pris d'assaut pour ce congrès extraordinaire du Rassemblement des républicains (RDR) aux allures de plébiscite pour le chef de l'État. Alassane Ouattara, 73 ans, n'avait pas de concurrent pour cette investiture. Il a donc été, sans surprise, désigné candidat du parti pour la présidentielle d'octobre à l'issue du congrès.

Le président de l'Assemblée nationale et numéro deux du régime, Guillaume Soro, et plusieurs ministres, dont le "tout-puissant" ministre de l'Intérieur, Ahmed Bakayoko, ont assisté à cette cérémonie haute en couleurs. "Le bilan du président Alassane Ouattara en moins de trois ans, est palpable, sensible et visible", a lancé avec enthousiasme à l'assistance Amadou Soumahoro, secrétaire général du RDR, appelant les délégués à lui donner "un second mandat".

Face à une opposition divisée, Alassane Ouattara part favori de la prochaine élection présidentielle. Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), allié du RDR, a décidé de ne pas présenter de candidat pour garantir la victoire du président sortant, au nom d'un hypothétique renvoi d'ascenseur en 2020, provoquant la colère de certains de ses cadres. Quant au Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, il est rongé par les luttes internes et on ne sait s'il présentera un candidat.

Des militants chauffés à blanc

Plus de 10 000 sympathisants se sont réunis dimanche pour encourager leur champion. "Pour son deuxième mandat qui semble assuré, la jeunesse ivoirienne attend beaucoup de M. Ouattara", a prévenu un sympathisant, Aboubacar Konaté, tam-tam en bandoulière. "Le président doit s'attaquer aux problèmes de chômage auxquels est confrontée la jeunesse sinon, ce sera une bombe sociale qui va lui exploser à la figure", a renchéri Michel Miézan, un autre militant.

De son côté, Fatou Soro, mère de quatre enfants, drapée dans son pagne violet à l'effigie de Ouattara, en appelait à la "concrétisation des promesses faites aux femmes". Avant même la désignation officielle du président, les quelque 6 000 délégués de son parti avaient fait de lui leur champion par acclamation. À l'extérieur, la façade du palais des sports était ornée de larges banderoles : "Tous rassemblés autour d'ADO" (initiales d'Alassane Dramane Ouattara) ou encore "Mobilisons-nous pour un second mandat".

Un bilan économique positif…

Le président ivoirien, arrivé aux affaires au terme d'une crise postélectorale sanglante causée par le refus de son prédécesseur, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, s'est fixé 2020 comme horizon. "J'ai trouvé un pays complètement en ruine, effondré, qui avait et a besoin d'être reconstruit, expliquait-il à l'AFP en juin 2013. J'ai indiqué clairement que je ne suis pas sûr de pouvoir finir ce travail dans le temps qui me reste et que vraisemblablement je briguerai un second mandat".

Après une décennie de crise politico-militaire marquée par une partition du pays, cet ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) peut se vanter d'une vraie réussite économique en quatre ans au pouvoir. Sous sa houlette, la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a retrouvé une forte croissance, d'environ 9% annuels entre 2012 et 2014, soutenue par un investissement public fort. Le troisième pont enjambant la lagune d'Abidjan, chantier monumental, symbolise son premier mandat.

Alassane Ouattara a fait de l'"émergence" – qui doit permettre au pays de passer de la pauvreté à un fort développement économique et social – son objectif pour la Côte d'Ivoire en 2020. L'opposition, elle, dénonce une mauvaise répartition des fruits de la croissance.

… terni par la "justice des vainqueurs"

Le bilan présidentiel en matière de réconciliation nationale est nettement plus critiqué. La commission "Vérité et réconciliation", censée provoquer une catharsis par l'audition de victimes et de leurs bourreaux, n'a débouché sur rien de concret. De même, aucun cadre pro-Ouattara n'a été inquiété pour son rôle dans la récente crise alors que les deux camps ont commis des exactions, nourrissant les accusations de "justice des vainqueurs".

L'ex-Première dame, Simone Gbagbo, a été condamnée le 10 mars à vingt ans de prison pour "attentat contre l'autorité de l'État", au terme d'un procès critiqué par des défenseurs de droits de l'homme. Alassane Ouattara est également accusé par ses détracteurs de "verrouiller" le processus électoral, selon les termes de l'ex-président de l'Assemblée nationale sous l'ère Gbagbo, Mamadou Koulibaly, qui dénonce une volonté de "se garantir une victoire trop facile". L'ancien président Laurent Gbagbo se trouve, lui, dans une cellule à La Haye, où il attend son procès à la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse de "crimes contre l'humanité".

(Avec AFP)

 

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