Réformes économiques, refondation de l’armée, parti unifié, diplomatie… À deux ans de l’élection présidentielle, les sujets de préoccupation ne manquent pas pour le chef de l’État. Qui a accepté de se livrer à JA.

Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, est un homme rare en interview. Le dernier entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique remonte à cinq ans, quasiment jour pour jour. Pourtant, les sujets de préoccupation ne manquent pas.

Après une année 2017 particulièrement délicate, marquée par deux mutineries au sein de l’armée, par des difficultés économiques liées à la baisse des cours du cacao et du café, mais aussi par de nombreuses grèves dans la fonction publique, la Côte d’Ivoire va mieux.

Mais déjà, tous les regards se tournent vers la présidentielle de 2020. La scène politique, fort logiquement, est en ébullition. Tout le monde s’interroge sur les potentiels candidats et sur la succession présumée de Ouattara. Ce dernier nous a reçus le 24 mai au palais du Plateau pour répondre à nos questions. À sa manière, déterminé, sûr de lui, mais prudent.

Jeune Afrique: L’année 2017 a été éprouvante pour la Côte d’Ivoire…

Alassane Dramane Ouattara: Oui, mais elle se porte beaucoup mieux aujourd’hui. En 2017, nous avons affronté des difficultés économiques liées à la baisse brutale des prix du cacao sur le marché mondial, les grèves des fonctionnaires, les mutineries dans l’armée… Tout cela est derrière nous.

Comment analysez-vous les mutineries de janvier et mai 2017?

Il y a eu de la manipulation dans cette affaire. L’important était de rétablir la discipline et l’autorité au sein de l’armée et d’éviter un bain de sang. Avec la loi de programmation militaire, nous nous sommes engagés sur la voie de la réforme, et les choses se déroulent correctement.

Où en est l’enquête sur la cache d’armes découverte à Bouaké en mai 2017?

Il y a eu des interpellations, les enquêtes se poursuivent. Le dossier est entre les mains de la justice, il n’est pas de mon ressort.

Pourquoi « Soul to Soul », le directeur du protocole de Guillaume Soro, chez qui les armes ont été trouvées, est-il toujours en prison?

Quand on découvre six tonnes d’armes au domicile d’un individu, quel qu’il soit, il y a forcément des conséquences judiciaires.

Les tensions qui se sont ensuivies avec le président de l’Assemblée nationale se sont-elles apaisées?

Guillaume Soro est un jeune frère. Il est membre du Rassemblement des républicains (RDR). Il ne saurait y avoir de tensions entre lui et moi.

Quel avenir politique lui voyez-vous?

Cela relève de son seul choix.

Où en est le projet d’unification du RDR et du PDCI au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP)?

Il est en bonne voie, même s’il y a eu quelques hésitations. Le débat qui a lieu aujourd’hui, en interne, est démocratique. L’un des six partis concernés a d’ailleurs décidé de ne ratifier ni l’accord politique ni les statuts du parti unifié. Mais quatre l’ont déjà fait, et le PDCI le fera certainement dans les prochaines semaines.

JA