Rien ne semble apaiser la colère après la mort de Georges Floyd, cet Afro-Américain asphyxié par un policier de Minneapolis, selon la dernière autopsie. Confrontés depuis des décennies au racisme des forces de l’ordre, les noirs américains désespèrent de voir un changement. Reportage à Prince Georges dans le Maryland, l’un des comtés noirs les plus riches du pays.

Zénobia Shepherd s’empare d’un caddie. Elle va faire ses courses à 20 km de chez elle pour éviter de s’approvisionner dans le supermarché où travaillait sa fille, Leilani, caissière, morte à 27 ans du coronavirus. Ses patrons n’avaient pas voulu fournir d’équipement de protection.

« Nous menons deux guerres, explique-t-elle : celle contre le Covid-19, et celle contre le racisme. Il n’y a plus de paix. Nous sommes en guerre. Donc je prie. Je prie pour qu’on trouve un vaccin, et je prie pour qu’on traite mieux la communauté noire. »

Un peu plus loin sur le parking de ce supermarché, Garnell Wilson et sa femme Angie remplissent le coffre de leur voiture. Ils ne sont pas étonnés de l’éruption de violence dans le pays..

« On est fatigués de voir les hommes noirs se faire tuer, déplore Garnell Wilson. On a essayé de protester pacifiquement, mais c’est tombé dans l’oreille d’un sourd. Donc voilà le résultat. C’est ce qui se passe quand on ignore les gens opprimés. »

Pour son épouse Angie, « la mort de Georges Floyd a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et je suis heureuse de voir qu’il n’y pas que des Afro-Américains qui manifestent. Ces manifestations sont nécessaires et cela me fait plaisir de voir qu’il y en a dans tout le pays en ce moment. »

Les autorités sanitaires s’inquiètent de la multiplication des manifestations et de l’usage des gaz lacrymogènes, qui font pleurer et tousser les protestataires. Elles craignent que ce mouvement de colère débouche sur une nouvelle vague de contamination dans une communauté déjà très touchée par le virus.

 « Un président qui ne répond pas à la crise »

Selon Garnell Wilson, seul le départ de Donald Trump permettra un espoir de changement. « Je prie pour le changement mais je pense qu’on n’en verra la couleur que quand il aura quitté la maison blanche. Malheureusement nous avons un président qui ne répond pas à la crise. Il attise le feu. Il dit des choses comme : « Si vous pillez, on tire ! » C’est presque comme s’il voulait voir le pays brûler ! Il laisse tous les racistes et les fanatiques aller de l’avant et ils se sentent libres. »

Le président américain est, aux yeux de Garnell Wilson, à l’origine de l’aggravation des violences policières contre les noirs. « C’est ce type qui a dit aux policiers de brutaliser les gens. « Malmenez les, ne soyez pas trop gentils », c’est ce qu’il a dit. « Ne soyez pas trop gentils ! » Je veux dire : il inspire la violence, il la promeut, c’est fou ! »

Garnell Wislon le reconnaît, le problème ne date pas d’hier. « Les États-Unis n’ont jamais résolu les problèmes de la communauté afro-américaine. J’ai été interpellé un nombre incalculable de fois, jeté au sol la face contre terre. J’ai été arrêté quand ils cherchaient un suspect dans une voiture bleue et ma voiture est rouge ! Donc ce genre de problème a toujours existé, mais je pense qu’ils sont à leur maximum en ce moment parce qu’on a un mauvais dirigeant. »

RFI