Suite aux nombreux délestages qui refont surface dans la capitale guinéenne ces derniers jours et qui sont aussitôt engendrés par des manifestations dans plusieurs quartiers de Conakry, le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique Cheick Taliby Sylla et l’administrateur général d’Électricité de Guinée (EDG) ont tenté d’expliquer les causes réelles de ce manquement. La conférence de presse s’est tenu au ministère de l’Énergie lundi 8 janvier 2018.
Cheick Talibé Sylla a tout d’abord rappelé à l’assistance les conditions d’acquisitions des barrages hydroélectriques dont la Guinée possède, du temps de la colonisation jusqu’à nos jours
« Le premier barrage hydroélectrique qui a été construit en république de Guinée était en 1953 pendant la période coloniale. Les travaux ont démarré en 1953 pour finir en 1956 et c’est le barrage qu’on appelle les grandes chutes » explique-t-il. Selon lui, les sources de production du courant électrique sont entre autres les grandes chutes, le barrage de Kaléta, le barrage de Baléa, de Donkéa, de Garafiri et le Konkouré.
Parlant des coupures constatées à Conakry et dans certaines villes de la Guinée, le ministre l’explique par la baisse du niveau d’eau. «Le niveau d’eau de Kaléta c’est 110m, nous avions créé nous-même un système métrique pour mieux mesurer ; on l’a appelé le SMK (System Métrique du Konkouré) et on a fait les mesures et caller Garafiri à 350, parce que c’est Garafiri qui est en Amon de Kaléta sur le Konkouré. De 110 m de la cote, vous descendez à 108, vous créez ce qu’on appelle la cavitation. Dès que la cavitation est créée, c’est le moteur qui s’arrête ; c’est foutu, c’est gâté », réagit le ministre. Et de poursuivre : « Donc, on ne peut pas turbiner plus qu’il en faut. À la cote, on peut descendre jusqu’à 109 et quelques mètres. »
Parlant du fonctionnement réel du barrage qui alimente la polémique, le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique explique : « Aujourd’hui, le barrage Kaléta ne fonctionne pas pendant la journée. C’est Garifiri qui fonctionne pour envoyer de l’eau au niveau du barrage Kaléta et c’est cette eau qui est accumulée pour atteindre la cote 110 mètres pour ne pas provoquer la cavitation que je vous parlais. Dès que la cote 110 est atteinte, EDG appelle Kaléta pour lui dire d’envoyer le courant à partir de 18 heures. Tout le monde sait que 18 heures, c’est l’heure de pointe », ajoute-t-il, avant d’affirmer que le manque d’eau est un problème fondamental lié au délestage qu’on constate aujourd’hui. Pour corriger cet état de fait, dira-t-il, il faut mettre en place les thermiques. « Et c’est ce qu’on fait. »
S’agissant des difficultés liées au paiement correct du courant électrique, le conférencier a affirmé qu’elles sont réelles. À titre d’exemple, il a fait savoir que seulement 250 mille abonnés sont enregistrés à Conakry sur une population estimée à plus de 3 millions d’habitants. « Ce qui a permis aujourd’hui d’avoir 300 milliards de francs guinéens non payés dans les caisses de l’EDG .»
Plus loin, le ministre Cheick Talibé Sylla a fait cas à la subvention qu’a accordé l’Etat guinéen à la société d’Electricité de Guinée (EDG). Selon lui, la subvention accordée en 2017, est de 1.100 milliards de francs guinéens. Pour l’année 2018, explique-t-il, la subvention qui sera accordée s’élève à 1.800 milliards de francs guinéens.
Quant aux perspectives d’amélioration de la situation actuelle, il (le ministre) souligne que quand il y a étiage, on fait recours aux thermiques. « Donc, il revient à l’EDG de dire exactement quelle est la quantité de carburant qu’il faut utiliser pour les groupes disponibles. »
« Les perspectives exactes qui se trouvent là, c’est la fourniture de carburant. Si les groupes-là ont suffisamment de carburant et si tout le monde contribue aux efforts pour que l’EDG puisse avoir la trésorerie qu’il faut, il n’aurait pas cette perturbation que nous connaissons aujourd’hui » martèle Talibé Sylla.
D’autres grandes perspectives est par exemple la construction de Souapit qui, selon Cheick Talibé Sylla, les travaux finiront en 2020.