Le président de l'Assemblée nationale burundaise Pie Ntavyohanyuma, opposant notoire à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, a annoncé dimanche depuis Bruxelles qu'il se trouvait "momentanément contraint" de rester loin de son pays et dénoncé le "forcing" électoral du président chef de l'Etat à la veille de législatives et communales controversées.
« Pour le moment, je suis contraint de rester à Bruxelles », a déclaré M. Ntavyohanyuma sur la chaîne de télévision France24, expliquant s’être à l’origine rendu en Europe pour une réunion de l’Union interparlementaire à Genève.
La défection de ce personnage clé de l’Etat burundais, président de l’Assemblée nationale depuis 2007, intervient quelques jours seulement après celle du 2e vice-président du pays, Gervais Rufyikiri, autre opposant notoire au 3e mandat. Ce dernier a annoncé cette semaine avoir lui aussi fui en Belgique car il n’était « plus capable de continuer à soutenir l’attitude du président de la République, sa volonté de conduire le peuple burundais sur la voie de l’illégalité ».
M. Ntavyohanyuma, haut cadre du parti au pouvoir CNDD-FDD, a une nouvelle fois dimanche appelé le chef de l’Etat à renoncer à sa candidature « illégale » à la présidentielle qui suivra, le 15 juillet, les premiers scrutins de lundi. Elles aussi controversées, les élections de lundi seront boycottées par l’opposition, qui affirme n’avoir pas pu faire campagne et avoir été la cible de menaces.
Le principal conseiller en communication de Pierre Nkurunziza, Willy Nyamitwe, a cependant estimé que cette nouvelle défection ne représentait pas un coup dur pour le président: « il était déjà isolé au sein du parti et (?) on s’y attendait », a-t-il assuré.
« C’est un frondeur de longue date, qui vient tout simplement de l’officialiser », a-t-il ajouté, estimant par ailleurs que ce nouvel appel lancé à Pierre Nkurunziza pour qu’il renonce à sa candidature était sans effet.
Avec Jeune Afrique