Dans un enregistrement audio diffusé dimanche, le leader de Boko Haram Abubakar Shekau a répondu aux insinuations d'Idriss Déby Itno sur sa possible mort ou son remplacement à la tête du groupe terroriste.

Était-ce un piège destiné à le faire sortir du bois, ou à susciter la controverse au sein de son groupe ? Si tel était le cas, les propos d’Idriss Déby Itno, le 11 août, ont atteint leur but : susciter une réaction d’Abubakar Shekau. Dans un enregistrement audio diffusé dimanche (le précédent remontait au 7 mars), le chef de Boko Haram – groupe terroriste qui se fait désormais appeler l’organisation de l’État islamique en Afrique de l’Ouest – a démenti avoir été tué ou remplacé, comme l’insinuait le président tchadien, qui affirmait que la secte nigériane avait été « décapitée » et que la guerre se terminerait « avant la fin de l’année ».

« Toute ma gratitude à Allah car grâce à lui, je n’ai pas disparu. Je suis toujours vivant et je ne suis pas mort. Et je ne mourrai pas avant que mon heure soit arrivée, au bon vouloir d’Allah », se vante Abubakar Shekau dans un enregistrement authentifié par le groupe d’experts en renseignement SITE et un correspondant AFP familier de Boko Haram, qui estime que la voix figurant dans l’enregistrement est similaire à celle qui a pu être entendue sur les précédents messages du leader de la secte terroriste.

Allégeance à l’EI

Le message de Shekau intervient alors qu’une force multinationale conjointe, composée de 8 700 hommes des différentes armées de la région (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger, Bénin), doit être opérationnelle dans quelques jours », a promis Idriss Deby Itno. le responsable jihadiste parle pour la première fois de lui-même comme étant le « chef de la branche ouest-africaine » de l’EI et rend hommage au chef de l’organisation, Abou Bakr al-Baghdadi, qu’il appelle le « calife des musulmans ».

Durement frappé par les armées tchadienne, nigériane ou camerounaise, Boko Haram a multiplié les raids meurtriers et les attentats-suicides ces dernières semaines. Une nouvelle vague de violence qui a fait au moins 900 morts au Nigeria depuis le 29 mai, selon un comptage de l’AFP. Boko Haram a également frappé pendant cette période le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins.

« Me voilà, en vie. Je mourrai seulement le jour où Allah m’ôtera la vie », déclarait déjà le terroriste, en chair et en os, dans une vidéo diffusée en octobre 2014. Pour des experts et des responsables sécuritaires nigérians, « Shekau » n’est qu’un personnage composite, qui emprunte à plusieurs combattants au gré du temps. Selon eux, le Shekau d’origine – le fils de paysans pauvres qui s’est radicalisé dans des écoles coraniques avant de prendre la tête de Boko Haram en 2010 – serait mort il y a plusieurs mois, voire plusieurs années. Pourtant, les États-Unis, ainsi que d’autres experts, mettent en doute cette théorie.

Avec AFP

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