Le vendredi 31 juillet 2015, s’est déroulée la deuxième et dernière journée du congrès du PUP, ancien parti au pouvoir. Cet évènement a été marqué par l’agression d’un confrère du nom de Thierno Amadou Camara qui travail pour le site guineematin.com. Il a été expulsé de force, brutalisé et déposé dans un commissariat de police, parce que, dit-on, « il n’avait pas son badge ».
Thierno Amadou Camara revient ici sur le déroulement de l’incident. Lisez !
« Hier, vendredi 31 juillet 2015, j'ai été couvrir des activités du congrès du PUP, au TAADY Club de Ratoma, juste après un débat sur les ondes de la Radio Djigui FM. Arrivé sur les lieux, j'ai trouvé la consœur Nassiou Sow au resto du club, les autres confrères étaient à l'intérieur de la salle. Les activités se poursuivaient en groupes de travail. J'ai tiré une chaise et me suis assied à côté de Nassiou. Nous étions autour d'une même table que des congressistes. Nassiou était là depuis 10 heures, elle ne maîtrisait pas le programme. Je lui ai dit que c'est à 17 heures la clôture, puisque moi j'étais là la veille. Je lui ai alors montré Elhadj Baniré du comité ad hoc du PUP. Après un entretien avec ce dernier, elle m'a dit qu'elle ne comptait pas rester là jusqu'à 17 heures. Apres le départ de Nassiou, J'avais déjà quitté la table en restant à un autre endroit où il y avait une prise pour brancher mon ordi. C'est là que trois agents se sont dirigés vers moi. Celui qui donnait l'air du chef m'a demandé ma carte de presse. J'ai fouillé dans mon sac et je n’ai trouvé que mon passeport, mais le badge, j'ai donc constaté que je l'avais oublié. Je me suis levé alors pour appeler au téléphone Monsieur Baniré, un haut responsable du parti, afin qu'il puisse venir témoigner que je suis journaliste. Le chef policier a automatiquement débranché mon ordi et m'a dit de "foutre le camp". Il a demandé à ses agents de me foutre dehors. J'ai répliqué en lui disant qu'il n'avait pas le droit de débrancher mon ordinateur encore moins de me dire de foutre le camp. Entre temps il y a eu un gérant du resto et d'autres congressistes qui lui ont parlé, mais le chef n'écoutait pas. Il a appelé d'autres agents à venir me prendre. Cinq autres sont venus exécuter son ordre en me faisant sortir comme un animal. Arrivé au dehors, je croyais que c'était terminé, mais il a ordonné à ce qu'on me menotte et qu'on me "dépose". Mais heureusement ils ne m’ont pas menotté. Mais une brutalité de rare sorte, j'en ai eu une dose excessive. Dans le pick-up, j'étais avec trois. Les deux n'arrêtaient pas de m'insulter et me menacer et me maltraiter comme un animal, rappelant certaines critiques que font les journalistes à l'endroit de la police dans ses comportements. Ils m'ont maltraité, en giflant notamment. Le troisième, le plus gros, s'est interposé en ma faveur. J'ai craché du sang. Lorsque nous sommes arrivé au commissariat qui se trouve en face du stade de Nongo, ils m’ont fait descendre et ont demandé à ce qu'on me mette dedans, en donnant leurs explications. Mais avant, des qu'on est descendu du véhicule, j'ai craché devant les autres agents qui étaient là sur place, pour attirer leur attentions sur ce que je venais de subir. J'ai prié pour qu'on me laisse parler au moins. L'un de ceux qui m'ont déposé, continuait les injures et menaces. C'est ainsi que j'ai quand même expliqué ce qui m'est arrivé. Au départ, dans le récit du chef, il a dit qu’ils ne m’ont pas violenté. Lorsque j'ai expliqué, j'ai dit à un des agents qui étaient avec moi, celui qui s'est interposé en pour moi quand on me maltraitait dans le véhicule, de témoigner. Il n'a rien dit. J'ai dit à un de ceux qui m'ont bastonné de démentir mon récit si j'avais menti dedans, de dire qu'ils ne m'ont pas frappé. Ils sont reparti et m'ont laissé retenu dans une des salles de ce commissariat. Parmi les agents qu'on a trouvés sur place, certains ont compris qu'il s'est passé quelque chose d'anormale. Celui qui m'a approché a engagé une discussion avec moi et j'ai hôte ma chemise pour lui montrer ma blessure sur l'épaule gauche et lui montrer d'autres partie de mon corps. Il a alors certifié au commissaire que j'ai été effectivement malmené. Le chef m'a consolé en me demandant de considérer ça comme un incident, en avouant que le policier ne doit pas être violent. Quelques heures après, des confrères, une délégation du PUP, composée que de gens non favorables à l'élection de Fodé Bangoura, sont venus me trouvé là. Mon patron, Nouhou Baldé, apprenant la nouvelle de mon arrestation, a appelé des responsables du PUP et de la police nationale pour savoir où on m'avait déposé afin d'obtenir ma libération. Fodé Bangoura a dit ceci: " Je ne suis pas au congrès là-bas, adressez-vous aux organisateurs". Plus loin, il ajoute ceci "Votre journaliste s'est comporté en politicien". C'est étonnant puisque je n'ai rien prononcé qui soit lié au congrès, au cours de mon arrestation. Tout ce que j'ai fait et qui pourrait justifier mon arrestation, c'est qu'à la veille, j'avais fait un article, en rapportant ceci : "Certains responsables et militants craignent que Fodé Bangoura remporte cette élection à la tête du parti et le « vende », comme ils le disent, au RPG du professeur Alpha Condé. Lorsque Guineematin.com a interpellé Fodé Bangoura sur ce soupçon, la réponse de l’ancien confident du général Lansana Conté, à l’époque surnommé « petit président » fut la suivante : « mais d’autres aussi veulent le vendre à d’autres partis".
On peut comprendre dans une certaine mesure qu'on dise à un journaliste de sortir parce qu'il n'a pas de badge. On peut même comprendre qu'on lui fasse contre sortir. Mais comment expliquer qu'on vous fasse sortir avec une brutalité conjuguée de cinq agents, comme un animal? Alors, qu'on me laisse juste derrière la cour ! Mais qu'on m'embraque et qu'on me maltraite davantage en cours de route au point que je crache du sang et je porte une blessure; ça dépasse un simple problème de badge. Qu'on me retienne pendant des heures, je ne comprenais pas du tout. Et on m'a promis de m'entendre et de me déférer. Il a fallut l'intervention de Nouhou Baldé, d'autres confrères et un long échange entre Doyen Yacine Diallo, ancien ministre de l'information avec le commissaire, pour qu'on me libère.
Je n'ai pas la prétention de pouvoir vous expliquer toute la barbarie exercée sur ma personne hier, mais je tenais à vous dire ces quelques mots suite à la vague d'indignation que cela a subitement provoquée chez bon nombre de personnes.
J'ai été admis à l'hôpital hier nuit, puisque la douleur devenait de plus en plus atroce. On m'a prescrit une ordonnance pour les premiers soins. Mon patron Nouhou Baldé est passé les acheter à la pharmacie. Je vais continuer à suivre le traitement ».
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