Pour l’édition 2017 de la Journée internationale des femmes, des structures de la société civile guinéenne se démarquent des traditionnelles commémorations organisées par les autorités.

C’est le 8 mars à Conakry. Comme d’habitude, groupements de femmes, ministres et autres personnalités publiques convergent au Palais du peuple, où « la Première dame devrait faire un discours, ainsi que la présidente du Conseil économique et social, Hadja Rabiatou Sérah Diallo », confie une source proche du gouvernement. La ministre de la Promotion des Femmes, Sanaba Kaba, ne sera pas en reste. Elle aussi devrait se réjouir « des efforts du chef de l’État avec notamment la mise en place des Mutuelles financières des femmes africaines en Guinée (Muffa) pour renforcer leur pouvoir économique ».

Mais dans ce doux ronronnement où l’autosatisfaction s’affiche sans complexe, des voix discordantes se font désormais entendre en Guinée, un pays où plus de 90% des femmes restent excisées. Fer de lance de ce renouveau, le collectif « Guinéenne du 21e siècle », créé en 2016, a décidé de frapper fort à l’occasion du 8 mars. « La situation des femmes, surtout rurales, est restée la même malgré le fait que le président Alpha Condé leur a dédié son mandat. Et au sein des partis politiques, les Guinéennes sont confinées aux activités récréatives », regrette Mamata Sanguiana Camara, chargée de communication de « Guinéenne du 21e siècle ».

« Il faut dépoussiérer le 8 mars »

Le collectif, qui compte 38 membres dont 3 hommes, a ainsi décidé d’organiser un « marathon » intitulé « Un kilomètre, un droit » qui consiste pour les participants « à courir en affichant sur leur dossard un des droits fondamentaux des femmes, tout en représentant symboliquement les distances que les Guinéennes rurales parcourent quotidiennement pour trouver de l’eau, par exemple ». Une mobilisation qui se terminera par un flashmob visant à sensibiliser les Guinéens aux mutilations génitales féminines, notamment, « car les longs discours ne marchent plus », relève avec amertume Dieretou Diallo, la présidente du collectif, qui mise également beaucoup sur le digital pour faire passer son message auprès de la jeunesse.

 

« C’est celle qui prend son destin en main, une femme forte par ses idées et ses actions », précise Mamata Sanguiana Camara. « Ce n’est pas celle qui reste à la maison à se consacrer au ménage, mais celle qui brise les tabous pour s’affirmer et s’épanouir », ajoute-t-elle. En un mot, celle qui « s’affranchit des coutumes rétrogrades sans céder à l’acculturation occidentale ». Un vaste programme que le gouvernement serait bien avisé de soutenir dans les prochaines années.

JA

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