En ce vendredi 02 octobre 2015, la République de Guinée a célébré le 57e anniversaire de son indépendance. Une indépendance arrachée par un référendum grâce à une large victoire du « Non » à la France le 28 septembre 1958. En 57 ans de parcourt, la Guinée a connu des hauts et des Bas ; des évènements dramatiques et des gloires. En quelques lignes, nous retranchons ici l’histoire de la première colonie française de l'Afrique Subsaharienne à avoir eu son indépendance. La Guinée sous Sékou Touré Le pays accède à l'indépendance le 2 octobre 1958 et Ahmed Sékou Touré devient le président à 36 ans. Il cherche à construire une Union Africaine avec le président ghanéen N’Kwamen Kuruma , apôtre du panafricanisme ; la Guinée et le Ghana forment une union le 1er mai 1959, rejoints le 24 décembre 1960 par le Mali. Officiellement non-aligné, le régime guinéen s'appuie sur l'Union Soviétique sans rejeter l'aide des États-Unis. En 26 ans de règne, le régime de Sékou Touré compte au moins 50 milles âmes victimes de sa dictature. La Guinée sous Lansana Conté Après la mort de Ahmed Sekou Touré en 1984, le gouvernement intérimaire est rapidement renversé par le Comité Militaire de Redressement National sous la direction du Colonel Lansana Conté. Sous la pression des bailleurs de fond, il introduit le multipartisme en 1993 et organise des élections, qui l'ont confirmé par deux fois à la présidence, en 1993 et en 1998 . Bien que globalement épargnée des conflits qui minent ces voisins, la Guinée est confrontée à l'afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés venus du Libéria de la Sierra Leone et de la Cote d'Ivoire. Après avoir révisé la Constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois en décembre 2003, le chef de l'État, pourtant gravement malade, est réélu avec 95,63 % des suffrages face à un candidat issu d'un parti allié, les autres opposants ayant préféré ne pas participer à un scrutin joué d'avance. Fin avril 2004, le premier ministre François Lonsény Fall profite d'un voyage à l'étranger pour démissionner, arguant que « le président bloque tout ». Le poste reste vacant plusieurs mois avant d'être confié à Cellou Dalein Diallo, qui sera démis de ses fonctions en avril 2006 pour dit-on faute lourde. Le pouvoir du président, sous influence d'hommes d'affaires comme Mamadou Sylla, est de plus en plus contesté. Début 2007 éclate une grève générale réprimée dans le sang. Le 22 décembre 2008, Lansana Conté décède des suites d'une longue maladie (leucémie et diabète aigu) à l'âge de 74 ans. Au cours de la nuit suivante, les proches du régime s'affairent pour organiser l'intérim suivant les procédures prévues par la Constitution, mais le 23 décembre 2008 au matin, à la suite de l'annonce du décès de Lansana Conté, des dignitaires de l'armée annoncent unilatéralement la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution, dans un discours à teneur résolument sociale. Ces événements laissent planer le doute sur l'effectivité d'un nouveau coup d'État. Le même jour, le capitaine Moussa Dadis Camara est porté à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et devient le lendemain, le troisième président de la République de Guinée. La Guinée sous Moussa Dadis Camara Arrivé au pouvoir, le capitaine précise que le nouveau régime est provisoire et qu'aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles prévues en 2010. Au fil de ses interventions médiatiques, Moussa Dadis Camara envisage de plus en plus explicitement de se présenter, décevant les espoirs de véritable transition démocratique et déclenchant des mouvements de protestation. Le 28 septembre 2009, des des activistes de la société civiles organisent une manifestation pacifique pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles. Une foule de plusieurs milliers de personnes s'était rendu au stade à la demande de l'opposition pour protester contre le désir du président Dadis de se porter candidat à l'élection présidentielle. Le 28 septembre 2009, au stade de Conakry, à la surprise générale les militaires ouvrent le feu sur les manifestants ainsi bloqués dans le stade sans possibilité de fuite. Ce massacre délibéré et manifestement planifié fait plusieurs centaines de morts. De plus, les militaires violent et enlèvent plusieurs dizaines de jeunes femmes, dont certaines seront libérées quelques jours plus tard après avoir subi des viols à répétition, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de trace. À la suite du tollé international soulevé par cet évènement, des dissensions apparaissent au sein du CNDD et le 3 décembre 2009, alors que Sékouba Konaté est en voyage au Liban, le président est grièvement blessé par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité – ce dernier avait été mis en cause explicitement par des diplomates étrangers pour son rôle dans le massacre du 28 septembre, et craignait d'être « lâché » par son président et livré à la justice. Dadis Camara est hospitalisé au Maroc le 4, et Sékouba Konaté rentre au pays pour assurer l'intérim. La transition de Sékouba Konaté Le 12 janvier 2010, Moussa Dadis Camara est renvoyé vers le Burkina Faso par le Maroc pour y continuer sa convalescence. C'est ainsi que le 15 janvier, un accord sera trouvé entre Dadis et Sékouba pour que ce dernier soit reconnu Président de la transition. Cet accord stipule qu'un premier ministre issu des Forces Vives (Partis d'opposition, syndicats, société civile) soit nommé dans le but de former un gouvernement d'Union nationale et de conduire le pays vers des élections libres et transparentes dans les six (6) mois. Aussi, aucun membre du gouvernement d'union nationale, de la junte, du Conseil national de la transition et des Forces de Défense et de Sécurité n'aura le droit de se porter candidat aux prochaines échéances électorales. Le 16 janvier, Dadis, dans une allocution à partir du palais présidentiel burkinabé, dit que la question de sa candidature est définitivement réglée, ainsi que celle des autres membres de la junte. Jean-Marie Doré, doyen de l'opposition, est nommé Premier ministre, chef du gouvernement d'union nationale chargé d'organiser les futures élections présidentielles. Le 8 février 2010, la justice guinéenne ouvre un instruction judiciaire pour les crimes commis le 28 septembre 2009 à Conakry, 3 magistrats instructeurs sont nommés et le 3 juin 2010, la FIDH, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH), 3 autres organisations guinéennes de victimes (AVIPA, AFADIS, AGORA) et 67 victimes se constituent parties civiles17. Le 7 mars 2010, Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l'élection présidentielle au 27 juin 2010. Il tient parole et pour la première fois une élection présidentielle en Guinée se déroule sans qu'aucun militaire ne soit candidat. Le second tour des élections présidentielles devait se tenir le 19 septembre 2010 mais a été reporté à une date ultérieure. Le 28 septembre 2010, un an après le massacre, les victimes et les ONG de défense des droits de l'Homme demandent le jugement des auteurs présumés des faits. La Guinée sous Alpha Condé Alpha Condé, le nouveau Chef de l’État guinéen a été élu démocratiquement sur un programme de modernisation et de reconstruction progressive de la Guinée. Le 7 novembre 2010, Alpha Condé (candidat du RPG et de l'Alliance Arc-En-Ciel) obtient 52,5 % des suffrages face à son adversaire Cellou Dalein Diallo (candidat de l'UFDG et de l'Alliance des bâtisseurs), qui a fini par accepter les résultats de la cour suprême qu'il avait initialement contesté en raison de soupçons d'irrégularités. Sous son mandat de 5 ans, le pays a connu également plusieurs manifestations politiques avec une soixantaine de victimes. Des jeunes qui sont tombé sous les balles des forces de sécurité. Depuis plus d’un an maintenant, le pays est frappé par une épidémie d’Ebola sans précédente ; qui a fait des milliers de morts. Le 11 octobre prochain, les guinéens ont rendez-vous aux urnes pour élire ou réélire leur président. Des élections qui s’annoncent tendues vue plusieurs soupçons qu’affiche déjà, l’opposition.
Thierno Moussa BAH