La tension est encore montée d’un cran vendredi au Malawi, des heurts éclatant à Mangochi (sud), dans l’attente des résultats de la présidentielle du 20 mai qui pourrait confier le pouvoir à l’adversaire de l’actuelle chef de l’Etat.
Joyce Banda, la présidente depuis 2012, a tenté de faire annuler le scrutin, dénonçant des fraudes, que l’ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika devrait remporter avec 36% des voix, selon des résultats officieux.
Dans la petite ville de Mangochi, plusieurs dizaines de manifestants criant à la fraude ont érigé des barricades de pneus enflammés dans le township voisin, a indiqué la police. "Nous les avons dispersé avec des gaz lacrymogènes", a affirmé le porte-parole Rodrick Maida à l’AFP.
Selon le journaliste local Ayamba Kandodo, la police a aussi tiré des balles en caoutchouc. Des manifestants lui ont ensuite indiqué que l’un d’entre eux était mort, tué par la police. Le chef de la police municipale a démenti tout décès.
A Blantyre, la capitale économique, des policiers en tenue anti-émeute avaient été déployés sur plusieurs artères stratégiques dès l’aube.
L’entrée de la Haute Cour du Malawi était gardée par des policiers soumettant les visiteurs à un strict contrôle d’identité, a constaté un journaliste de l’AFP.
Un juge doit dire avant la fin de la journée si les résultats du scrutin du 20 mai peuvent être annoncés immédiatement, malgré des irrégularités constatées dans une soixantaine de bureaux.
"C’est simple, nous respecterons l’ordre de la justice, quel qu’il soit", a annoncé jeudi soir le président de la commission électorale Maxon Mbendera.
Dans un spectaculaire revirement, il a aussi indiqué qu’il ne voyait pas d’objections à publier dès ce vendredi les résultats.
"Je peux aisément dire que cette élection a été libre et juste. Elle a été transparente, mais aussi crédible selon ma propre évaluation", a-t-il dit. "Est-ce que les gens ont exprimé leur volonté? Oui. "
Il a répété que la commission avait "trouvé des anomalies" mais pas de nature à altérer le résultat, "les incidents" concernant "seulement 1,03%" du scrutin.
Le même Maxon Mbendera avait annoncé lundi que la commission électorale prendrait un mois s’il le fallait pour rouvrir toutes les urnes et recompter tous les bulletins, donnant gain de cause à Mme Banda qui dénonce des fraudes depuis une semaine.
Le camp Mutharika a en revanche hâte de voir sa victoire confirmée.
Mme Banda et M. Mutharika sont de vieux adversaires. Il est soupçonné d’avoir intrigué en 2012 au décès de son frère, le président Bingu wa Mutharika, pour prendre le pouvoir, qui devait revenir selon la Constitution à Mme Banda, alors vice-présidente. Il avait été inculpé de haute trahison.
Le scrutin présidentiel connaît depuis le début d’énormes ratés dans l’organisation et le dépouillement. La situation évolue rapidement, au rythme des recours, ordres et contre-ordres

JA

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