En ce mois d’avril 2014, le Ministère du Travail, de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle a lancé le programme de formation et d’insertion professionnelle dénommé «Première chance ».

Cette initiative a pour objectif de permettre à des jeunes qui n’ont jamais travaillé d’obtenir leur première expérience professionnelle lors d’un stage. La phase pilote a démarré le 24 avril pour 100 jeunes. A terme le programme bénéficiera à environ 300 jeunes par mois.

« Première Chance » est ouvert aux jeunes de 20 à 30 ans et toutes les structurespubliques ou privées peuvent en être partenaires.Il est entièrement financé par l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnel.

Ce qui fait la particularité du programme et qui devrait permettre de convaincre les entreprises d’accueillir plus facilement des stagiaires est qu’il est conçu pour éliminer les obstacles majeurs qui empêchent nombre de structures d’accueillir des stagiaires.

Le premier obstacle freinant la volonté des entreprises de recruter un stagiaire est d’ordre financier. Comment prendre en charge financièrement un jeune, ne serait-ce que son transport, à plus forte raison une prime de stage ?

Le programme répond à cette inquiétude en prenant en charge les frais de transport et la prime de stage du jeune sélectionné. Le total payé par mois à chaque stagiaire varie entre 180 000 et 300 000 GNF. La somme a été volontairement limitée pour éviter qu’un stagiaire ne touche plus qu’un travailleur confirmé touchant le SMIG (440 000 GNF).

Le second motif de réticence à l’accueil des stagiaires est leur utilisation au sein de la structure. A quoi va-t-il servir ? se demandent souvent les managers. Damantang Camara, ministre en charge de l’Emploi et du Travail, à l’origine de l’initiative est convaincu que« pour beaucoup de grandes structures, un stagiaire constitue une charge, non seulement financière mais également en terme de productivité. Il faut lui trouver un poste de travail, ensuite une tâche à effectuer, puis mobiliser un membre du personnel qui va lui expliquer ce qu’il doit faire et le suivre. Et pendant ce temps le responsable des ressources humaines doit suivre les aspects administratifs du stage,…Le programme Première Chance est conçu pour éliminer la plupart de ces obstacles ».

Pour permettre à l’entreprise accueillante d’avoir le moins de préoccupations possibles, les stagiaires bénéficient, avant leur stage d’une formation composée de trois modules.

Le module 1 est une initiation au monde professionnel qui permet au stagiaire de découvrir ce qu’est une entreprise, une ONG, un établissement public, le secteur formel et informel. Il lui est expliqué ce que sont les relations de travail. Il est également informé sur les différents secteurs d’activité de l’économie guinéenne, sur leurs acteurs et sur leur environnement technologique, économique et professionnel.

Le module 2 consisteà préparer le stagiaire à accomplir une mission dans l’établissement qui va le recevoir.Les jeunes bénéficiaires du programme sont en effet tenus de proposer des missions à remplir pour le compte de la structure qui les choisira. Ils ont le choix entre plusieurs missions prédéfinies ou une prestation de leur propre choix.

Lors du troisième et dernier module les aspects administratifs du programme « Première chance » sont exposés. Les principes fondamentaux du programme sont expliqués au stagiaire. Il lui est clairement signifié qu’il n’existe pas de contrat de travail entre lui et l’entreprise accueillante. Il est informé des modalités de perception de sa prime de stage et du régime d’assurance dont il bénéficie. Ainsi l’entreprise ne court pas le risque de se retrouverface à des revendications indésirables en fin de stage.

Le ministère en charge de ce programme a tenu a « sécuriser » le programme afin de rassurer les partenaires privés.

C’est pourquoi il est prévu qu’une convention de stage soit signée entre l’entreprise, l’AGUIPE et le stagiaire pour définir le cadre juridique du stage et les modalités d’exécution de la mission.Un correspondant à l’AGUIPE sera joignable en permanence par l’entreprise pour le suivi du stagiaire et une éventuelle redéfinition de sa mission, un recadrage ou un remplacement.A la fin du stage, une attestation cosignée par l’entreprise et l’AGUIPE sera remise au stagiaire.

Damantang Camara est persuadé que les entreprises retireront des avantages évidents de ce partenariat : « elles vont pouvoir découvrir de nouvelles opportunités et de nouvelles priorités au sein de leur structure, bénéficier d’un nouveau regard sur certains aspects de leur organisation que la routine habituelle ne leuraurait pas permis de voir », le ministre affirme qu’il y a toujours une tâche ou une prestation dont une entreprise a besoin et pour laquelle elle ne souhaite pas forcément embaucher un travailleur à plein temps ou définitivement, « Première Chance leur donne l’opportunité de répondre à ce besoin à coût zéro ».

Justement, lorsqu’on lui rétorque que des entreprises risquent d’utiliser ce programme pour utiliser de la main d’œuvre bon marché et sans engagement contractuel, le ministre répond : « ce risque existe et a été identifié dès le départ. C’est pourquoi le stage ne durera jamais plus de deux mois par stagiaire. Si l’entreprise veut le garder elle devra l’embaucher en CDD ou CDI ».

Source: MEETFP

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