A l’occasion du 5ème anniversaire du massacre tragique du 28 septembre 2009, le Président de l’UFDG a salué la mémoire des victimes avant de rappeler au gouvernement qu’il a le devoir de rendre justice contre cet évènement tragique. Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration d’El hadj Cellou Dalein Diallo, lu ce dimanche soir à son domicile.

Cinq années se sont écoulées depuis le massacre du 28 Septembre. Mais rien ne peut obscurcir les souvenirs cruels de ce tragique jour où la nation entière a été profondément mutilée. Dans un stade, un champ clos, 156 personnes tuées par balles réelles des forces de sécurité, 109 femmes violées, plus de 1000 personnes blessées. Elles étaient là pour la Guinée, pour l’amour de la patrie, pour défendre la démocratie, pour notre liberté.

La commémoration du jour fatidique du 28 Septembre est ainsi un devoir de reconnaissance de la nation. Mais ce souvenir doit aussi être un moment de recueillement pour prier Dieu de nous aider à nous rassembler. C’est le sens profond que les martyrs du 28 Septembre ont voulu donner à leur sang sacrifié à la nation : une Guinée de liberté, une Guinée une et indivisible !

A l’UFDG, c’est ce message de rassemblement que nous retenons pour continuer à éclairer notre combat politique. En son nom, je salue la mémoire de tous ceux qui étaient là le 28 Septembre, prie pour le repos des morts et exprime ma compassion pour ceux qui sont encore dans la souffrance. Je me permettrais d’y ajouter ma voix personnelle puisque moi-
même j’ai été victime de cette barbarie, pour dire que je n’oublierais pas.

Le devoir de l’Etat, en l’occurrence, est de rendre justice contre les crimes du 28 Septembre. Mais cinq ans sont passés. Cinq ans d’impunité. Cinq longues et lancinantes années dans lesquelles s’étale l’intolérable incapacité de notre administration judiciaire. Alors que les victimes attendent, impuissantes, que cette douloureuse page de notre histoire soit enfin lue. Elles savent, nous le savons tous, que la réconciliation est au prix de la vérité et de la justice. Cinq ans, c’est long. Long pour celui qui a perdu son père, son frère, sa sœur. Long pour celui dont les parents ont disparu et qui attendent de retrouver leurs corps, ou tout au moins l’endroit où ils sont ensevelis. C’est indiscutablement long pour celle qui a été violée et qui en porte les séquelles physiques et psychologiques. C’est le lieu de rappeler au Président de la République que le RPG était membre des forces vives. Le parti présidentiel faisait partie des organisations qui ont appelé les citoyens guinéens à ce rassemblement.

Le Président de la République est aujourd’hui doublement interpelé. D’abord hier, en tant que Président d’un parti membre du comité d’organisation de la manifestation, mais aujourd’hui, en tant que chef de l’Etat, garant du respect des droits de l’homme et de la sécurité des citoyens. Mais les Guinéens peuvent-ils lui faire confiance pour constituer l’ultime recours qu’il devrait être, alors que son régime perpétue la répression dans le sang des manifestations pacifiques et les assassinats ciblés ? Qu’attend la justice de la République pour agir dans les dossiers des cinquante-sept victimes de l’opposition républicaine ? Comment expliquer l’indifférence et l’impunité qui règnent encore face aux meurtres de Zogota, de Saoro et de Galapaye ?

Notre conscience collective doit être attentive aux grandes leçons qui se dégagent des grandes blessures de la nation. Après les événements terribles que nous traversons depuis 2009, nous devons comprendre mieux que jamais l’importance capitale que revêt pour notre pays comme pour le destin de chacun de nous et de chacun de nos enfants, la manière dont s’organise et s’exerce la direction de la nation. Nous devons mesurer les conséquences que la capacité de ceux qui gouvernent l’Etat ne peut manquer d’avoir sur notre liberté, notre travail, nos ressources, notre vie même.

Alors que ceux qui sont morts le 28 Septembre sont morts pour la Guinée, le pouvoir sectaire actuel ne s’est-il pas évertué à opposer les guinéens, diviser notre nation et mettre notre pays dans une situation de grande désespérance ? Les difficultés de tous ordres que nous rencontrons au cours de ces dernières années ne témoignent-elles pas du mauvais chemin emprunté par le gouvernement ? Notre pays a besoin de tirer du passé l’espérance du futur. Le socle de cette espérance est le rassemblement de la nation, ultime message de ceux qui sont morts pour le pays le 28 Septembre 2009.

Cellou Dalein Diallo
Président de l’UFDG

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