Les travaux de ce 23e sommet ordinaire de l’organisation panafricaine ont débuté par une allocution de la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, en présence notamment du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et du nouveau président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, selon nos confrères de l’AFP.
La présence du maréchal signe le grand retour de l’Egypte sur la scène continentale, après sa suspension de l’UA dans la foulée du coup d’État ayant renversé son prédécesseur, Mohamed Morsi.
Dès les travaux préparatoires du sommet – dont le thème officiel est "agriculture et sécurité alimentaire" et qui s’achèvera vendredi – chefs d’Etats et ministres ont ouvertement fait part de leur inquiétude grandissante face à la poussée des groupes jihadistes sur le continent.
Afrique du Nord, Sahel, Corne de l’Afrique et maintenant Afrique centrale aux prises avec les islamistes armés, tels le groupe nigérian Boko Haram qui multiplie enlèvements, massacres de villageois et attentats sanglants, et dont les exactions débordent jusqu’au Cameroun voisin: le tableau n’est en effet guère réjouissant pour les Africains.
– "Gravité des nouvelles menaces" –
Ainsi, mercredi soir le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a affirmé sa "profonde préoccupation" face aux "menaces terroristes" sur le continent.
Devant le Conseil, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’UA, a souligné "la gravité des nouvelles menaces que constituent le terrorisme, le grand banditisme et tous les trafics illicites", qui "appellent une stratégie globale de l’Union".
"L’Afrique fait face depuis peu à un ennemi d’un nouveau genre plus redoutable et sans visage, je veux parler du terrorisme qui sévit en ce moment au Nigeria et en Somalie et qui a failli désagréger le Mali", a résumé le président tchadien Idriss Déby Itno.
M. Déby – qui a engagé son armée au Mali et a accueilli à N’Djamena des drones américains chargés de traquer Boko Haram au Nigeria voisin – a également insisté sur l’importance pour les États "d’assurer eux-mêmes leur sécurité individuelle et collective", et ne pas s’en remettre entièrement aux Occidentaux.
– Etats impuissants –
Car, malgré des interventions militaires occidentales, au Mali notamment, et le renforcement des moyens de surveillance et de frappe des Français, des Américains et des Britanniques en Afrique, les islamistes multiplient les attaques meurtrières sous leurs différentes appellations – shebab, Aqmi, Ansaru, Boko Haram…
Et les gouvernements africains qui sont en première ligne – Libye, Kenya ou encore Nigeria, sans parler de la Somalie presque sans Etat – apparaissent largement impuissants face à la recrudescence des attaques.
Cette progression alarme des pays qui récemment encore se sentaient étrangers à la problématique, comme la Guinée équatoriale, hôte du sommet. "Nous allons sérieusement aborder ce problème (des jihadistes) lors du sommet", a ainsi déclaré récemment son président, Teodoro Obiang Nguema.
Ce dossier brûlant risque de reléguer au second plan les autres crises du continent, la guerre civile et son cortège d’atrocités au Soudan du Sud et la Centrafrique, où les tueries inter-communautaires à caractère religieux entre chrétiens et musulmans n’en finissent pas.
Dans ce pays, l’UA, qui y a engagé une force militaire appuyée par l’armée française, s’apprête à passer le relais en septembre à une mission de l’ONU.
Comme à chaque sommet, Malabo sera aussi l’occasion de rencontres bilatérales entre chefs d’État parfois en froid pour tenter de régler des litiges, avec d’autres présidents jouant les médiateurs.
Ce pourrait être le cas pour l’interminable conflit des Grands Lacs, marqué encore récemment par des combats entre armées congolaise et rwandaise.
Pour les pays africains francophones, Malabo sera également l’occasion de tractations sur le candidat de l’Afrique pour succéder à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), au Sénégalais Abdou Diouf, qui achève en novembre son mandat de secrétaire-général.
Avec AFP