New York, le 23 décembre 2014—Vingt-trois pour cent des journalistes tués pour l’exercice de leur profession cette année étaient des membres de la presse internationale, environ le double de la proportion que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a documentée au cours des dernières années. Au total, au moins 60 journalistes ont été tués dans le monde dans le cadre de leur travail en 2014, contre 70 en 2013. Les trois dernières années sont la période la plus meurtrière que le CPJ ait jamais enregistrée.
« C’est le moment le plus dangereux pour l’exercice du journalisme que nous ayons jamais vécu », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Historiquement, les journalistes locaux ont toujours été les plus exposés au danger, et c’est encore le cas. Mais les attaques accrues contre les journalistes internationaux montrent que dans le contexte actuel, tout le monde est ciblé », a-t-il articulé.
La proportion, plus élevée que d’habitude, de journalistes internationaux tués reflète en partie l’atmosphère de plus en plus instable des zones de conflit dans lesquels les Occidentaux sont souvent délibérément pris pour cibles. Anja Niedringhaus, photographe allemande de l’agence américaine Associated Press, a été abattue par un agent de police en Afghanistan alors qu’elle couvrait des élections. En août, le journaliste indépendant américain James Foley, qui avait été enlevé près de deux ans auparavant, a été exécuté par des membres du groupe militant, État islamique, qui a publié une vidéo en ligne de l’assassinat. Deux semaines plus tard, l’État islamique a publié une autre vidéo montrant la décapitation du journaliste indépendant américano-israélien Steven Sotloff, qui avait été enlevé un an auparavant.
Malgré les risques croissants pour les journalistes occidentaux travaillant dans des zones de conflit, les journalistes locaux demeurent la catégorie professionnelle des médias la plus menacée pour son travail. Par exemple, sur la vingtaine de journalistes actuellement considérés par le CPJ comme disparus en Syrie, dont beaucoup sont soupçonnés d’être détenus par le groupe militant État islamique, la plupart sont des indigènes. Du fait du nombre élevé d’enlèvements, beaucoup d’endroits de la Syrie sont devenus des zones interdites pour les médias, étant donné que les journalistes internationaux ont cessé d’entrer dans ce pays et les journalistes locaux le fuient.

Il convient de souligner que la Syrie est le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes pour la troisième année consécutive. Au total, le conflit syrien a conduit à la mort d’au moins 17 journalistes en 2014, ce qui porte à 79 le nombre total de journalistes tués dans ce pays depuis le début du conflit en 2011. La Syrie a remplacé les Philippines en tant que deuxième pays le plus meurtrier pour les journalistes depuis 1992, année où le CPJ a commencé à documenter les assassinats liés à l’exercice du journalisme.
Près de la moitié des journalistes tués en 2014 ont péri au Moyen-Orient. En Irak, au moins cinq journalistes ont été tués, tandis qu’au moins quatre journalistes et trois collaborateurs de presse ont été tués alors qu’ils couvraient le conflit de 50 jours entre juillet et août en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés.
D’autres cas de décès dans des situations de combat ou des tirs croisés se sont produits en Ukraine, où au moins cinq journalistes et deux collaborateurs de presse ont été tués. Ce sont les premiers cas de meurtres liés à l’exercice du journalisme confirmés par le CPJ dans ce pays depuis 2001.
Le Paraguay et la Birmanie ont connu leurs premiers décès liés à l’exercice du journalisme depuis 2007. En Birmanie, l’armée a déclaré en octobre avoir abattu un journaliste indépendant birman qu’il avait placé en garde à vue dans l’État Môn situé au sud-est du pays. Au moins trois journalistes ont été tués au Paraguay, et tous faisaient des reportages sur la région de non-droit le long de la frontière brésilienne
La base de données du CPJ sur les journalistes tués dans l’exercice de leur fonction en 2014 comprend des rapports sur chaque victime et une analyse statistique. Le CPJ offre également une base de données sur tous les journalistes tués depuis 1992.
Le rapport du CPJ est également disponible en arabe, anglais, français, portugais, russe, espagnol et turc.

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