Abdoulaye Wade, qui était en principe attendu ce mercredi 23 avril au Sénégal, où il rentre pour la première fois depuis sa défaite à la présidentielle en mars 2012 face à Macky Sall, n’arrivera finalement que ce vendredi, selon un communiqué de son parti, le PDS. L’avion de l’ancien président devait se poser ce mercredi dans l’après-midi à l’aéroport de Dakar, mais un problème de plan de vol et d’autorisation de décoller aurait retardé son retour.
L’ancien président sénégalais passe la nuit à Casablanca, au Maroc, où il est retenu depuis la mi-journée. Il devait arriver ce mercredi à Dakar, à bord d’un avion privé, mais dans la soirée, Abdoulaye Wade a fait lire à ses partisans, aux militants du PDS réunis dans leur QG à Dakar, un message dans lequel il expliquait qu’il arrivait en fait ce vendredi au Sénégal.
Oumar Sarr, numéro deux du PDS, le parti d’Abdoulaye Wade, a annoncé que l’avion privé de l’ancien chef d’Etat n’avait pas eu l’autorisation de décoller de Casablanca vers Dakar. A la présidence, on a d’abord expliqué que le Sénégal n’avait reçu aucune demande d’atterrissage, aucun plan de vol, alors que cela doit normalement se faire 48 heures avant, avant de dire que son vol avait reçu l’autorisation dans l’après-midi.
A l’aéroport, un fort dispositif de sécurité était visible pour empêcher tout rassemblement. Des groupes de partisans, refoulés, dénonçaient ces interdictions. « Le Sénégal est censé être la vitrine de la démocratie et on ne peut même pas venir à l’aéroport accueillir notre président », regrettait un jeune militant. « Abdoulaye Wade ne cherche qu’à se victimiser, répondait Souleymane Jules Diop, le responsable de la communication de la présidence. Même Macky Sall, quand il voyage, doit donner ses plans de vol. »
Abdoulaye Wade cherche à se victimiser, selon la présidence
Selon les autorités, Abdoulaye Wade aurait tout fait pour compliquer les démarches administratives en changeant, au dernier moment les noms des passagers marocains qui se trouvaient sur les documents de vols, par son nom et celui des gens qui le suivent .
Abdoulaye Wade savait, en manoeuvrant ainsi, que cela demanderait une nouvelle validation par l’aviation civile, et donc un nouveau délai d’environ 24h, affirme le ministre porte-parole du gouvernement Abdoulatif Coulibaly. « Quel intérêt pour le gouvernement sénégalais à retarder un avion qui atterrit à Dakar ? Je pense qu’on se trompe d’époque et de méthode et qu’Abdoulaye Wade gagnerait à comprendre que les choses ont changé. Il a fait son temps et il ne comprend pas encore. Les Sénégalais le lui ont expliqué le 25 mars 2012 », s’agace Abdoulatif Coulibaly.
« Tout est fait pour décourager les militants »
Du côté du PDS, on affirme que les autorités ont tout fait hier pour retarder l’arrivée d’Abdoulaye Wade, afin que l’ancien président atterrisse de nuit, plus discrètement. L’interdiction du meeting en centre-ville, celle des abords de l’aéroport aux militants et sympathisants du PDS, venus accueillir leur leader, « tout est fait pour décourager les militants » explique Serigne Mbacké Ndiaye, le porte parole d’Abdoulaye Wade.
Dans la soirée, au siège du PDS, où s’étaient réunis les partisans d’Abdoulaye Wade, une annonce a finalement été lue pour expliquer que l’ancien président dormirait à Casablanca avant d’arriver à Dakar ce jeudi. Un départ qui sera finalement reporté de 24h suplémentaires, a-t-on appris plus tard, par un autre communiqué du PDS.
Un air de campagne électorale
« Demain, nous serons là, c’est sûr. On est un peu déçus mais c’est ainsi dans ce pays », s’exclamait un militant. En face du siège, plusieurs pick-up de la gendarmerie ont pris position sans qu’aucun incident ne soit à signaler. Les haut-parleurs diffusaient de la musique, un air de campagne électorale.
Abdoulaye Wade a-t-il voulu mettre en scène son retour au pays ou Macky Sall cherche-t-il à faire comprendre à son prédécesseur qu’il n’est pas le bienvenu et que ce retour politique s’annonce ardu ? En tout cas, le feuilleton va se poursuivre.
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Les certitudes d’Abdoulaye Wade
L’ex-chef de l’Etat sénégalais a résidé en France pendant près de deux ans. Il vient d’annoncer son retour dans son pays une semaine après la décision d’une cour spéciale de juger en juin prochain son fils Karim, en prison depuis un an, pour enrichissement illicite présumé. Longuement interviewé par Christophe Boisbouvier pour Radio France Internationale, ce mercredi 23 avril, Abdoulaye Wade a montré toute sa détermination à l’heure de rentrer au pays. Florilège.
A propos des accusations contre son fils, Karim :
« Karim n’a rien fait. Il est innocent. Vous savez, les condamnations des tribunaux politiques, je connais cela. Les manipulations de la magistrature, c’est connu. Ce qu’il (Macky Sall, actuel président sénégalais, ndlr) voudrait, c’est le faire condamner, mais je suis sûr que Macky n’ira pas jusque-là. Il y a quelques temps, on pouvait le croire, mais aujourd’hui je pense que ce qu’il souhaite, c’est que les choses trouvent une solution. »
A propos de son retour potentiel aux affaires :
« Si je suis en bonne santé, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas travailler. Vous savez, ici en Europe, on est obnubilé par l’âge. J’ai dit à mes adversaires : laissez les Sénégalais juger. S’ils s’aperçoivent eux-mêmes que le père Wade est devenu gâteux et ne peut plus rien faire, ce sont eux qui me dégageront. »
Source RFI

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