L’épidémie d’Ebola risque de replonger le Liberia dans la guerre civile dont il est sorti il y a dix ans, en raison de ses répercussions sanitaires mais aussi économiques et politiques, a estimé le ministre libérien de l’Information Lewis Brown.
"Les hôpitaux luttent, mais les hôtels aussi, de même que les entreprises. Si cela continue, le coût de la vie va grimper. On a une population agitée", a affirmé M. Brown dans un entretien avec l’AFP tard lundi soir à Monrovia, .
"Le monde ne peut pas attendre que le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée retombent dans le conflit, qui pourrait être le résultat de cette lenteur dans la mobilisation" contre Ebola, a déclaré le ministre à la veille de l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le ministre de la Défense Brownie Samukai avait affirmé le 9 septembre devant le Conseil de sécurité de l’ONU que "l’existence du Liberia était gravement menacée" par le virus.
Le Liberia est entré dans sa onzième année de paix fragile après des guerres civiles qui y ont fait environ 250. 000 morts entre 1989 et 2003.
Il est frontalier de la Sierra Leone – également affectée par une décennie de guerre civile (1991-2001) ayant causé quelque 120. 000 morts – ainsi que de la Guinée.
Ces trois pays sont les plus touchés par l’actuelle épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, où au moins 2. 811 personnes en sont mortes sur 5. 864 cas depuis le début de l’année, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) arrêté au 18 septembre.
La présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf a appelé dans un communiqué le 17 septembre ses concitoyens à montrer la même "résilience" que pour sortir de la guerre civile, affirmant qu’Ebola avait frappé le pays au moment où il était en voie de reconstruction.
"La guerre ne nous a pas vaincus, une économie complètement détruite – le plus grave effondrement depuis la Deuxième Guerre mondiale – ne nous a pas vaincus, Ebola ne nous vaincra pas", a-t-elle promis.
L’OMS a estimé mardi que l’épidémie était entrée dans une phase de croissance "explosive" avec 20. 000 personnes risquant d’être contaminées d’ici à novembre si les mesures de lutte n’étaient pas renforcées.
Au Liberia, "tout le monde ne contractera pas ce virus mais tout le monde en ressent les effets à cause de la nature des restrictions que nous avons mises en place" pour enrayer la propagation, a déclaré le ministre Brown, par ailleurs porte-parole officiel de la lutte contre Ebola dans son pays.
"La répercussion du virus Ebola n’est pas seulement perçue comme une situation de santé publique, mais aussi comme une situation politique", a-t-il estimé.
Selon lui, le gouvernement libérien "a besoin de jusqu’à 1. 000 lits" dans dix centres de traitement d’Ebola à travers tout le pays.
"Mais nous n’avons pas la capacité et les ressources pour réaliser cela. C’est ce qui mine la confiance de la population dans cette lutte et en tant que gouvernement nous ne pouvons pas nous permettre le déclin de la confiance de notre peuple", a-t-il dit, appelant à "l’aide de la communauté internationale".
JA