Le conflit entre Israël et le Hamas ne montre aucun signe de répit ce lundi, au 14e jour d’une offensive israélienne contre Gaza qui a coûté la vie à 514 Palestiniens malgré les appels à un cessez-le-feu.
Au lendemain d’une journée noire à Gaza où plus de 140 Palestiniens ont péri ainsi que 13 soldats israéliens, l’Etat hébreu restait déterminé à poursuivre ses opérations aériennes et terrestres pour faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes qui continent de toucher son territoire.
Les Etats-Unis, allié indéfectible d’Israël, ont annoncé dépêcher le chef de la diplomatie John Kerry au Caire ce lundi pour tenter de trouver un cessez-le-feu "immédiat", alors que le patron de l’ONU Ban Ki-moon est en tournée au Proche-Orient dans le même but.
Ce conflit, le plus sanglant en cinq ans à Gaza, enclave sous blocus depuis des années, est le 4e entre Israël et le Hamas depuis 2006. Pour l’armée, l’objectif est le même: briser la capacité du Hamas à atteindre Israël avec ses roquettes et combattants, en tentant cette fois-ci de détruire les tunnels souterrains construits par le groupe à cette fin.
Des tirs de chars ont une nouvelle fois touché dans la journée un hôpital de la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, faisant cinq morts et 15 blessés, selon les services d’urgences palestiniens.
Au total lundi, plus de 20 Palestiniens sont morts dont neuf membres d’une même famille, y compris sept enfants, alors que les secours continuaient de retrouver dans les décombres les corps de victimes des raids de la veille.
– ‘Pas le moment’ de parler trêve –
L’armée israélienne a en outre annoncé avoir tué le matin "plus de 10 terroristes" qui tentaient de s’infiltrer en Israël via un tunnel. Une douzaine d’autres combattants ont été tués depuis le lancement de l’offensive terrestre jeudi dans de tels incidents.
Israël a encore essuyé des tirs de roquettes depuis Gaza, 27 nouveaux impacts ayant été constatés sans faire de victimes, portant le total à près de 1.500 depuis le début de l’offensive le 8 juillet.
Malgré les pertes de part et d’autre et la dévastation occasionnée à Gaza par les frappes, le ministre israélien chargé des Services de renseignements Youval Steiniz a estimé que les "combats risquent de durer longtemps", alors que son collègue aux Communications a dit que ce n’était "pas le moment de parler d’un cessez-le-feu".
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a jugé que l’opération "dépassait (les) attentes" concernant la destruction des tunnels, et souligné "le soutien très fort au sein de la communauté internationale" pour cette offensive.
Mais à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé dans la nuit à "cesser immédiatement les hostilités", et à "la protection des civils" de Gaza où les habitants ne peuvent pas fuir le territoire sous blocus et où les hôpitaux manquent de tout.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU doit tenir mercredi une réunion extraordinaire à Genève.
– ‘Tuer ou être tué’ –
M. Ban Ki-moon, attendu cette semaine au Koweït, au Caire, à Jérusalem, Ramallah et Amman, a dénoncé depuis Doha "l’action atroce" à Chajaya où plus de 70 Palestiniens sont morts dimanche. Le président palestinien Mahmoud Abbas a parlé de "crime contre l’humanité".
L’armée a accusé le Hamas d’avoir "mis les civils dans la ligne de mire" à Chajaya en y installant ses sites militaires. Le pilonnage s’y poursuivait lundi, et des dizaines de personnes fuyaient également une localité plus au nord, Beit Hanoun.
Dans 67 bâtiments surpeuplés de l’ONU où 87.000 déplacés ont trouvé refuge, la place venait à manquer, femmes et enfants s’installant à même le sol des couloirs.
En signe de solidarité avec Gaza, une grève générale était suivie en Cisjordanie où des manifestations sont prévues en soirée.
Dimanche, l’armée israélienne a enregistré son bilan le plus lourd depuis la guerre du Liban de 2006, avec 13 soldats tués, portant à 18 le nombre des militaires morts dans l’offensive "Bordure protectrice", outre deux civils. La radio militaire a aussi fait état de quelque 90 militaires blessés.
Le même jour, la branche armée du Hamas a affirmé avoir enlevé un soldat israélien. Le rapt a été démenti par l’ambassadeur d’Israël à l’ONU mais pas par l’armée.
Les journaux israéliens continuaient de soutenir l’offensive. "Il s’agit de combats rapprochés pour tuer ou être tué", écrit le Yedioth Ahronoth.
Israël a mobilisé 53.200 hommes sur les 65.000 réservistes autorisés par le gouvernement pour l’offensive sur cette petite bande de terre de 362 km2 où s’entassent dans la misère 1,8 million d’âmes.
La nouvelle spirale de violence a été déclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem.
AFP