Au Sénégal, le rapport publié mercredi par Human Rights Watch qui dénonce le fait que des milliers d’enfants mineurs soient réduit à la mendicité sous couvert d’éducation religieuse, suscite débat et incompréhension de certains religieux. Les maîtres coraniques mettent en cause un manque de volonté politique du gouvernement.
Dans son rapport « Exploitation sous prétexte d’éducation » publié mercredi 18 mars, l’ONG américaine Human Rights Watch dénonce le fait qu’au Sénégal, les enfants talibés vivent toujours dans la précarité, mendient entre une et cinq heures par jour et sont, pour beaucoup, victimes de sévices. En réponse, la fédération nationale des maîtres coraniques dénonce le manque de volonté politique du gouvernement à éradiquer la mendicité des mineurs. L’organisation, créée en juin 2008, revendique 16 800 membres, recense 1,26 million d’enfants inscrits dans des écoles coraniques.
La réponse des maîtres coraniques
D’après cette fédération, la mendicité des talibés est liée à la précarité des enseignants qui dirigent ces structures. « Nous, nous avons toujours réclamé notre part du budget. Il faut que l’on intègre l’enseignement du Coran dans le système éducatif », insiste l’imam Adama Seck, secrétaire général de la Fédération nationale des maîtres coraniques, qui plaide pour une reconnaissance du système d’enseignement religieux en arabe, au même titre que l’enseignement classique. Selon lui, « les écoles coraniques n’ont pas de moyens. S’ils veulent vraiment que ces enfants quittent la rue pour rester à l’école, il faut qu’ils fassent quelque chose ».
« Nous sommes dans une dynamique », assure un inspecteur du ministère de l’Education. Un projet de loi pour reformer les écoles coraniques est à l’étude. Il prévoit notamment de réglementer le statut des maîtres coraniques et de créer des passerelles entre l’enseignement arabe et le système classique.
RFI.fr