Chargé jusque-là du Plan Sénégal émergent, ce fidèle de Macky Sall succède à Aminata Touré à la tête du gouvernement. Plus consensuel, il devrait imprimer un style très différent à la primature.
À peine nommé et déjà au travail ! "Je l’ai appelé pour le féliciter le lendemain de sa nomination, à 6 heures du matin. Il s’apprêtait à se rendre au bureau…" raconte l’Ivoirien Akmel Akpa. Cet administrateur de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) ne tarit pas d’éloges sur Mahammed Boun Abdallah Dionne, qu’il connaît depuis la fin des années 1990. Les deux hommes ont travaillé ensemble à Vienne, au siège de l’Onudi, entre 2011 et mars dernier.
Le nouveau Premier ministre est né à Gossas, à quelque 160 km de Dakar, dans la région de Fatick, dont est originaire Macky Sall. Comme lui, il est issu de la confrérie des mourides. Cheveux poivre et sel, lunettes d’élève appliqué sur le nez, Mahammed Dionne est un homme aux goûts simples, marié, sans enfant.
Officiellement, il n’est membre d’aucun parti – ce qui pourrait, à terme, faire grincer quelques dents au sein de l’Alliance pour la République, le parti présidentiel. À 54 ans, il succède à Aminata Touré, limogée le 4 juillet, après dix mois passés à la primature et moins d’une semaine après sa défaite aux élections municipales et départementales du 29 juin.
Un fidèle parmi les fidèles
Changement de personne ; changement de style aussi. "Il est beaucoup plus consensuel. En le nommant, Macky Sall cherche peut-être à arrondir les angles pour sortir de la bataille judiciaire avec les anciens dignitaires", analyse le politologue Abdou Lô. Le procès de Karim Wade, ex-ministre et fils de l’ancien président, poursuivi pour enrichissement illicite, devrait en effet se tenir à la fin du mois.
Le goût pour la diplomatie du nouveau chef du gouvernement ne date pas d’hier, à en croire Akmel Akpa. En 1997, il quitte la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest pour devenir directeur au ministère de l’Industrie du Sénégal. "Quand les négociations étaient délicates, il formulait des positions auxquelles tout le monde pouvait se rallier, se souvient l’Ivoirien. Cet esprit ne l’a jamais quitté."
Ingénieur et économiste, Mahammed Dionne a étudié en France. Avec lui, Macky Sall choisit un fidèle parmi les fidèles : son directeur de cabinet quand il était lui-même Premier ministre (2005-2007), puis président de l’Assemblée nationale (2007-2008). "Le président est tellement sûr de son dévouement qu’il ne l’a informé de sa nomination que quinze minutes avant ! C’est un homme qui sait s’adapter et travailler avec de fortes personnalités", observe Souleymane Jules Diop, ancien responsable de la communication de Macky Sall.
Un homme courtois et direct qui connaît ses dossiers
Pour Abdou Lô, si le nouveau Premier ministre dispose de nombreux atouts, les dossiers qu’il aura à traiter ne manquent pas. "Autosuffisance alimentaire, fin des coupures d’électricité, routes… énumère-t-il. Son action devra avoir un impact durable sur le quotidien des Sénégalais et sur leur pouvoir d’achat. Mais qui mieux que lui pour y parvenir ? Depuis quelques mois, il était déjà une sorte de Premier ministre bis." En mars, Mahammed Dionne avait été chargé du suivi du Plan Sénégal émergent (PSE), le plan Marshall national.
Pour l’instant, les acteurs économiques semblent globalement lui accorder leur confiance. "Il donnera une impulsion à nos petites entreprises en difficulté", espère Mbagnick Diop, président du Mouvement des entreprises du Sénégal. Un employé du PSE, qui se rappelle avoir observé Mahammed Dionne présidant une réunion, conclut : "C’est un homme à la fois courtois et direct qui connaît ses dossiers. Il est issu de l’univers des chiffres. La logique mathématique va désormais l’emporter sur la parole !"

JA

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