Après la cérémonie place de la Concorde, Emmanuel Macron répond ce mardi aux questions de journalistes et en dire plus sur le « nouveau chemin » qu’il a promis aux Français après le confinement et la crise du coronavirus. L’entretien du président chaque 14 juillet est une tradition en France, mais l’actuel locataire de l’Élysée ne s’y était pas encore plié depuis son élection.

C’est un virage à 180 degrés pour Emmanuel Macron. À son arrivée à l’Élysée, il ne voulait pas faire comme ses prédécesseurs, mais après des mois de crise et des discours solennels, le chef de l’État veut profiter de l’occasion pour renouer avec ce rendez-vous de la fête nationale et endosser un costume plus rassembleur.

« L’interview du 14-Juillet est un exercice auquel Emmanuel Macron voulait renoncer au départ. Comme président de la République, il voulait renouveler tous les exercices de communication et imposer son propre calendrier. Il y revient parce qu’il y a une force des traditions en France dans la communication des présidents, explique Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Science-Po Paris. Un président peut vouloir s’exprimer peu au départ et finir par parler beaucoup. Ce qui est bien c’est que c’est une interview. Pour la première fois depuis très longtemps, Emmanuel Macron va répondre à des questions et ne pas faire un monologue enregistré. »

La dernière interview de Macron remonte à 2018

La dernière interview télévisée d’Emmanuel Macron remonte à la fin de l’année 2018. On peut donc s’attendre à ce qu’il détaille son agenda des prochains mois alors que le coronavirus et le confinement ont mis le pays au point mort. « La question des retraites, de l’indemnisation du chômage. Est-ce qu’Emmanuel Macron va lâcher du lest sur l’une de ces deux réformes ? Il lui faudra sans doute montrer aux Français qu’il a tenu compte de la réalité de cette crise, de ses conséquences sur la vie économique, de ses conséquences sur le niveau d’inquiétudes très important des Français. Il sera très attendu sur ces questions », analyse le chercheur du CEVIPOF et du CNRS, Bruno Cautrès.

Évidemment, le coronavirus sera au cœur de l’intervention d’Emmanuel Macron. Une deuxième vague menace et le gouvernement note un relâchement de la part de la population. Le président est aussi attendu sur le plan de relance. Promis pour la fin de l’été, il serait « quasiment prêt », selon le Premier ministre Jean Castex.

Derrière ses annonces, ses choix politiques, c’est aussi la prochaine présidentielle qui se joue. « C’est très clairement le début de la campagne pour 2022 en ce moment. On a vu qu’Emmanuel Macron a fait un message sur le réseau social TikTok, il commence à occuper les médias, affirme Philippe Moreau-Chevrolet. Il a fait le ménage dans son gouvernement pour éviter les couacs. Tous les ministres un peu gaffeurs et faibles médiatiquement ont été sortis. On a fait rentrer des bêtes médiatiques comme Roselyne Bachelot et Éric Dupond-Moretti. Leur principale qualité, c’est quand même de bien occuper les médias. Emmanuel Macron est en campagne pour 2022 et je pense que c’est la seule chose qui va compter. »

Jean Castex dans l’ombre d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron entend respecter à la lettre le régime présidentiel de la Ve République. Jean Castex avait dans un premier temps prévu de faire sa déclaration de politique générale la semaine dernière. Mais l’Élysée a mis son veto, estimant que le Premier ministre ne devait pas parler avant le président.

C’était déjà le cas en 2017 avec Édouard Philippe et cela n’a pas empêché ce dernier de devenir trois ans plus tard plus populaire qu’Emmanuel Macron. Même dans l’ombre du chef de l’État, Jean Castex peut imposer sa marque. « Est-ce que lors de cette déclaration de politique générale, Jean Castex va donner le sentiment qu’il applique la feuille de route du président de la République ? Ou est-ce qu’il va montrer qu’il est en train de trouver le style Jean Castex ? Le défi pour lui est d’incarner autre chose que ce qu’Édouard Philippe a pu incarner. Quel type d’orateur est-il ? Je pense que ce discours, même en arrivant après l’interview du 14 juillet du chef de l’État, sera un exercice très intéressant à suivre », prédit le chercheur Bruno Cautrès.

RFI