La famille d’Abdallah ElShamy, journaliste d’Al-Jazeera détenu depuis neuf mois en Egypte, a affirmé mardi qu’il était dans un état "critique" après 112 jours de grève de la faim.
Le reporter avait été arrêté le 14 août alors qu’il couvrait la dispersion dans un bain de sang de partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée. Il est depuis détenu dans l’attente d’un procès pour lequel aucune date n’a encore été fixée.
Son frère Mossaab a indiqué à l’AFP que M. Elshamy avait perdu "40 kg". Il souffre d’"anémie, d’un début d’insuffisance rénale, d?hypoglycémie et a une tension artérielle basse", a poursuivi Mossaab Elshamy, citant les résultats d’une analyse sanguine dont l’AFP a pu consulter une copie.
"Au début, il buvait des jus et des boissons sucrées, mais depuis un mois il n’avale plus que de l’eau". "Il pourrait tomber dans le coma s’il n’est pas perfusé (. . . ) il entrerait alors dans la période la plus dangereuse", a ajouté le frère du journaliste.
"Il a été transféré de sa cellule et nous ne savons pas où il est, sûrement encore en prison mais nous ne pouvons pas communiquer avec lui", a-t-il encore déclaré à l’AFP.
Si son procès ne s’est toujours pas ouvert, M. Elshamy est accusé d’appartenance à un groupe "terroriste", les Frères musulmans de M. Morsi, et de diffusion de fausses nouvelles, selon son avocat Chaabane Saïd. "Mon client paye pour avoir travaillé pour une chaîne hostile au régime en place", a-t-il dit à l’AFP.
L’Egypte et le Qatar sont à couteaux tirés depuis la destitution du seul président jamais élu démocratiquement par l’armée en juillet 2013.
Le Caire reproche à Doha de soutenir les Frères musulmans, en particulier via sa chaîne Al-Jazeera très regardée dans le monde arabe, tandis que le petit émirat gazier dénonce la violente répression des pro-Morsi –1. 400 morts, 15. 000 arrestations selon des ONG. L’antenne égyptienne de la chaîne satellitaire qatarie a en outre été fermée.
Le 3 mai, un tribunal a prononcé le renouvellement de la détention de M. Elshamy pour une durée de 45 jours.
Depuis le box grillagé des accusés, où il était apparu émacié, il avait alors dénoncé auprès de la presse ses conditions de détention: "Je n’ai pas vu mon avocat. Nous sommes détenus à 15 dans une cellule de 12 m2".
Dans une autre affaire, trois journalistes, de l’antenne anglophone d’Al-Jazeera, sont actuellement jugés au Caire: l’Australien Peter Greste, l’Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed, détenus depuis fin décembre pour soutien aux islamistes.
Leur procès, aux côtés de 17 co-accusés, a déclenché un tollé international.
JA

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