Les Brésiliens pensaient avoir touché le fond avec la déroute historique de la Seleção mardi face à l’Allemagne (1-7). Leur "cauchemar" n’a fait qu’empirer avec la qualification mercredi du grand rival argentin en finale de leur Mondial.
Et le sacrilège absolu est encore peut-être à venir, si l’Argentine de Messi bat l’Allemagne, dimanche 13 juillet, en finale et soulève la Coupe au stade Maracana de Rio, le temple du football brésilien.
Les yeux encore rougis par le massacre allemand de la veille, beaucoup de supporteurs brésiliens ont prié mercredi pour que les Pays-Bas remportent l’autre demi-finale. Mais les "frères" et voisins du sud ont eu les nerfs plus solides pendant la séance de tirs au but.
"Voir l’Argentine en finale chez nous blesse nos cœurs, surtout après la pire défaite de l’histoire de la Seleçao", confie Marcio Caneiro da Silva, un postier en train de noyer son chagrin dans la bière à la terrasse d’un restaurant de Rio. Son ami Cesar Augusto, 37 ans, a choisi son nouveau camp: "Maintenant, je suis allemand".
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La presse brésilienne partage le même sentiment, rappelant à l’envie que le Maracana fut déjà le théâtre de la défaite traumatisante du Brésil face à l’Uruguay (2-1) en 1950.
Le "Maracanzo" : un drame national
Le "Maracanzo" fut un drame national pour le Brésil. Et 64 ans, après, il hante toujours les Brésiliens, malgré les cinq Coupes du monde remportées par la suite par les artistes du football-samba.
"Le cauchemar continue !", titrait le quotidien populaire de Rio O’Dia. Le quotidien sportif Lance! clamait: #SomosTodosAlemanha! (#NousSommesTousAllemands").
"Après la douleur brésilienne, la joie des rivaux, écrit O Dia. L’Argentine (…) peut être sacrée au Maracana ! En plus de ne pas pouvoir rêver d’un sixième titre, les Brésiliens vont devoir vivre avec la possibilité réelle du sacre d’un de ses principaux rivaux dans le temple ultime du football. Le cauchemar augmente."
Et pour Lance!, "il pourrait même passer au second plan dimanche prochain. Car l’Argentine est en finale de la Coupe du monde sur le sol brésilien !".
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Argentine et Brésil se disputent depuis des décennies la suprématie sur le continent en matière de football. "Cela génère une rivalité sportive énorme. Tous les Argentins veulent que le Brésil perde et tous les Brésiliens que l’Argentine perde", expliquait il y a quelques jours le professeur de relations internationales Raul Bernal-Mezza, de l’Université de Buenos Aires, qui a longtemps travaillé au Brésil.
Argentins comme Brésiliens revendiquent aussi d’avoir nourri en leur sein le "meilleur joueur de tous les temps": Pelé pour le Brésil, Maradona pour l’Argentine, qui s’invectivent à longueur d’années par médias interposés.
Cinq victoires du Brésil contre deux pour l’Argentine
Le Brésil peut se targuer d’être le seul pays à avoir remporté cinq fois la Coupe du monde (1958, 1962, 1970, 1994 et 2002), tandis que l’Argentine n’a été sacrée que deux fois (1978, 1986).
Mais pour les dizaines de milliers d’Argentins qui suivent la sélection de Messi, un troisième titre au Maracana vaudrait toutes les Coupes du monde.
Hors des terrains, les deux pays sont unis par de profonds liens économiques, au sein du Mercosur. Ils sont présidés par deux femmes de gauche qui s’apprécient, Dilma Rousseff et Cristina Kirchner. Mais la rivalité entre les deux pays n’est pas que footballistique et a des racine historiques. Au début du XXe siècle, l’Argentine était le phare et la locomotive de l’Amérique du Sud. Au cours des dernières décennies, il a été supplanté par le Brésil, devenu la septième puissance économique mondiale.
"Je ne peux pas imaginer (la présidente) Dilma (Rousseff) remettre la coupe aux Argentins au Maracana", tremble rien que d’y penser Marcos Raimondi, un Brésilien de Sao Paulo. "Ce serait encore pire qu’hier
JA