Une jeune étudiante a été agressée sexuellement par un groupe d’hommes lors des célébrations pour l’investiture du président Abdel Fattah al-Sissi, place Tahrir au Caire. Pour la seule journée de dimanche, on dénombre cinq agressions sexuelles en marge des manifestations.
Sur Youtube, une nouvelle vidéo témoigne du sort terrible que connaissent certaines femmes lors des manifestations politiques en Égypte. Filmée avec un téléphone portable, elle montre une foule d’hommes qui se presse en hurlant. Dans une violente bousculade, on distingue une femme nue, ses vêtements et sous-vêtements lui ayant été arrachés, couverte de bleus et de sang, escortée par des policiers et une ambulance. Un responsable de la sécurité a authentifié lundi les images de l’agression contre la jeune fille, une étudiante de 19 ans, confirmant que la victime avait été transférée dans un hôpital.
Une enquête a été ouverte après l’arrestation de sept suspects, âgés de 16 à 49 ans. Les sept hommes sont également soupçonnés d’être impliqués dans trois autres cas de harcèlement sexuel.
"Culture de l’impunité"
Cette nouvelle agression intervient après l’annonce par le nouveau pouvoir égyptien, le 5 juin, de la pénalisation du harcèlement sexuel. Adly Mansour, président par intérim avant l’investiture d’Al-Sissi, a approuvé un amendement prévoyant des peines allant de l’amende à la prison ferme (6 mois minimum).
Un premier pas pour le pays, dans lequel la "culture de l’impunité" est fréquement dénoncée par les associations qui militent contre les violences faites aux femmes. Ces mêmes associations (Tahrir Bodyguards, HarassMap…) regrettent cependant la faiblesse du nouvel appareil juridique, qui ne prévoit rien contre les agressions sexuelles en groupe.
Selon une étude de l’ONU parue en 2013, les cas d’agression et de harcèlement sexuels sont légion en Égypte, où 99% des femmes affirment en avoir été victime, qu’elles soient vêtue "à l’occidentale" ou voilées.

La situation des femmes lors des manifestations n’a pas changé depuis les rassemblements de 2011. En pleine euphorie révolutionnaire, on découvrait la face sombre de la place Tahrir. Les violences contre les femmes avaient été médiatisées, à la suite notamment de l’agression de journalistes étrangères. Selon Human Right Watch, lors des manifestations pour la destituation du président islamiste Mohamed Morsi en juin 2013, près de 100 femmes avaient été victimes d’agressions sexuelles, dégénérant parfois en viol collectif.
Suite à la publication de la vidéo et aux arrestations, les militants du groupe "I saw Harassment" (J’ai vu du harcèlement) ont publié un communiqué affirmant qu’il était "honteux que les responsables de sécurité au ministère de l’Intérieur n’aient pas adopté de mesures pour empêcher de telles agressions qui sont régulières".
"Entre novembre 2012 et juin 2013, environ 250 cas de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viols sous la menace d’armes lors de manifestations au Caire ont été recensés", explique Fathi Farid, un militant de l’association.
(Avec AFP)

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