Le Capitaine Moussa Dadis Camara ancien chef de la junte guinéenne, à répondu au Général Sékouba Konaté par rapport à la liste des auteurs des massacres du 28 septembre 2009 à Conakry. Par la voix de son avocat, Me Jean-Baptiste Haba, Dadis Camara a qualifié de "non évènement" cette déclaration.
Il faut rappelé que le Général Sékouba Konaté avait promis récemment qu’il allait déposer la liste auprès de la CPI. Voici donc la déclaration de Me Jean-Baptiste Haba, avocat du Capitaine Dadis Camara. C’est un extraits d’une interview accordée au journal "L’Indépendant"

« La déclaration du président par intérim le général Sékouba Konaté a été faite à fin avril ou mi-mai. Je vais vous dire le contenu de cette déclaration. Le général Sékouba a été très clair, il dit que tous les membres du CNDD sont collectivement responsables. Tous les officiers supérieurs sont collectivement responsables. Tous les membres du gouvernement sont collectivement responsables, civils et militaires. Mais ce qui est paradoxal, il fait comprendre que lui, il n’a rien à voir dedans. Pourtant il est non seulement membre du CNDD, en tant que la troisième personnalité du CNDD, qui en réalité était la deuxième personnalité. Il était membre du gouvernement parce que ministre de la Défense nationale. Il était aussi officier supérieur de l’armée, général de division, à l’époque des faits. Cela sous-entend qu’il est lui-même responsable de ce qui s’est passé au stade du 28 septembre. Il a dit qu’il n’était pas ici mais qu’il était à N’Zérékoré et que cela lui a été dit par ses éléments. J’ai son discours avec moi. Ça veut dire que lui-même, ce qu’il dit, il le tient d’autres personnes, donc il n’a pas été témoin oculaire des événements. C’est donc une réelle contradiction. Pour que la justice soit bien rendue il faut que les événements soient encore chauds. Si le droit a prévu ce qu’on appelle la prescription en matière pénale, la justice se saisit de ses propres erreurs. Cela signifie qu’attendre plus de 10 ans, 20 ans, pour poursuivre une personne pour des faits commis il y a longtemps, cela peut nous conduire à une erreur judiciaire parce que les preuves auront disparu. Les témoins seront peut-être morts ou des témoins peuvent être corrompus. Le président Dadis soucieux de faire en sorte que la lumière soit faite sur cette affaire à chaud, a été victime d’une tentative d’assassinat le 03 décembre de la même année, donc après les événements. Il n’a été président que pendant dix mois. Au Burkina Faso on va vers lui, pour un soi-disant protocole d’accord qui conduirait le troisième responsable du CNDD à prendre officiellement la destinée du pays. Et cette troisième personne là c’est bien le général Sékouba Konaté qui a assuré l’intérim. En assurant l’intérim, il était le premier magistrat de la Guinée, même de façon intérimaire. A cette époque, le temps et les événements étaient encore chauds. Il est resté entre janvier et décembre 2010, soit un an environ, aux affaires. Qu’a-t-il fait pour faire bouger les choses durant cette période? Qu’a-t-il fait pour faire bouger le dossier ? Alors que pendant ce temps, en tant que président par intérim de la Guinée, il avait tous les pouvoirs, pour agir pour la manifestation de la vérité. C’est important ce qu’il dit, qu’il connaissait des gens qui seraient impliqués dans cette affaire. Pourquoi n’a-t-il pas demandé à son ministre de la Justice, s’il ne veut pas intervenir dans les dossiers judiciaires, pour que celui-là s’en occupe quand même. Pourquoi attendre quatre ans après, pour dire qu’il a une soi-disant liste qu’il a déposée à la CPI ou au niveau de l’Union européenne. Voilà pourquoi, je dis c’est un non-événement. C’est encore un non-événement pourquoi ? Le général Sékouba n’a tout simplement pas de conseiller, car pour moi le général Sékouba ne sait pas ce qu’il est en train de faire parce que dans un pays normal, je sais que les juges en tiendront compte, je sais que la Guinée en tiendra compte, on peut se voir inquiéter pour avoir fait obstruction à la manifestation de la vérité. Pendant quatre ans il dit détenir des preuves, mais il y a autre chose plus grave pour celui qui a occupé la plus haute fonction de la Guinée. Pourquoi n’a-t-il pas confiance en la justice de la Guinée ? Il sait que cette justice est saisie. Il sait que cette justice n’a pas les moyens, mais les seuls moyens de cette justice constituent ces éléments là pourquoi attendre que ces juges qui sont des humains comme nous, qui se battent pour remuer ciel et terre pour trouver des éléments de preuve, pour que lui, première personnalité de la Guinée les garde par devers lui. Sans qu’à l’époque, il ne puisse les mettre à leur disposition étant donné que le pool de juges a été mis en place sous le gouvernement de transition que dirigeait Konaté.

Pourquoi il essaye de bluffer la justice de son pays ? La justice qui est un pouvoir régalien. Pourquoi aller à la CPI ? Je dis, c’est par ignorance parce qu’il ne sait pas que la CPI n’est qu’une juridiction de substitution, parce qu’il ne sait pas que la CPI n’est qu’une juridiction de complémentarité, parce il ne sait pas que la CPI ne peut être saisie que lorsque les juridictions nationales ne sont pas en ordre de juger ou non pas cette volonté de juger. Mais la volonté est là. C’est une ignorance parce qu’il ne sait pas qu’il y a des modes de saisine de la Cour pénale internationale par le Bureau du procureur, par le Conseil de sécurité, ou bien par les Etats, ou par les ONG internationales. Pour moi la méthode voudrait qu’il vienne aider la Guinée en donnant ces éléments là aux juges en charge d’instruire dans cette affaire. Il est en train de tout faire pour que la justice de son pays ne fonctionne pas. Je crois que cela ne devait pas venir de lui. Je crois que les juges connaissant la procédure poseront des questions autour de cela. En République de Guinée, au titre de témoignage, si vous avez des éléments pouvant éclairer le juge dans cette affaire, vous pouvez aller déposer librement, vous pouvez même vous déplacer, marcher, aller là-bas dire au juge que vous avez des éléments à lui donner. Je veux témoigner, la comparution volontaire du témoin est admise. Peut-être il a surement envie de régler des comptes à des gens. Je n’en dirai pas plus. J’attends le moment venu pour en dire davantage. »

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