Barack Obama a annoncé l’envoi d’experts américains pour aider les autorités nigérianes à retrouver les centaines de jeunes filles enlevées par le groupe islamiste armé Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, rapt massif sans précédent qui suscite une mobilisation mondiale croissante.
Après l’annonce mercredi d’un nouvel enlèvement de 11 autres jeunes filles par Boko Haram dimanche dans l’Etat de Borno, fief du groupe islamiste dans le nord-est du pays, le président François Hollande a assuré que la France "fera tout pour aider le Nigeria à pourchasser ce groupe et à retrouver les otages".
Cette "situation révoltante" selon le président américain éclipse l’ouverture du "Davos africain", un "Forum économique pour l’Afrique" qui s’ouvre mercredi à Abuja et sur lequel le Nigeria comptait pour mettre en valeur ses progrès économiques et améliorer son image internationale.
Le président nigérian Goodluck Jonathan et les autorités sont critiqués par les familles des 276 jeunes filles enlevées pour leur inaction et leur incapacité à retrouver les lycéennes enlevées le 14 avril à Chibok, dans l’Etat de Borno. Plusieurs dizaines avaient réussi à s’enfuir mais plus de 220 seraient toujours aux mains des insurgés, selon la police.
Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a menacé dans une vidéo de "vendre" comme "esclaves" les lycéennes et de les "marier" de force. La diffusion de cette vidéo a terrifié les familles et soulevé une indignation mondiale.
"C’est évidemment une situation qui brise le coeur, une situation révoltante", a déclaré M. Obama dans ses premières déclarations publiques à ce sujet, au cours d’un entretien sur la chaîne américaine ABC.
Cet enlèvement de masse "pourrait être l’événement qui aide à mobiliser la communauté internationale toute entière afin de faire enfin quelque chose contre une organisation aussi abjecte, qui a perpétré un crime affreux", a-t-il ajouté, indiquant qu’une équipe d’experts américains avait déjà été envoyée sur place pour aider les autorités nigérianes à retrouver les jeunes filles.
Les Nigérians "ont accepté notre aide, mêlant militaires, police et d’autres agences qui vont aller sur place, essayer de savoir où ces jeunes filles pourraient être et les aider", a précisé M. Obama.
– Le "Davos africain" éclipsé –
Borno est l’épicentre de l’insurrection menée par Boko Haram depuis cinq ans.
Boko Haram, qui veut dire "L’éducation occidentale est un péché" en haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria, a commis de nombreuses attaques meurtrières dans des écoles, des lycées et des universités par le passé, mais ces enlèvements en masse d’adolescentes sont un fait nouveau.
Le département d’Etat américain a indiqué disposer d’informations selon lesquelles les adolescentes auraient été emmenées dans des pays voisins, se faisant l’écho de déclarations – non confirmées – de responsables locaux à Chibok, selon lesquels les captives avaient été vendues comme épouses à des combattants islamistes du Cameroun et du Tchad.
Les autorités tchadiennes et camerounaises ont démenti que les lycéennes soient dans leurs pays.
Le groupe extrémiste, qui revendique la création d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria, a déjà fait plusieurs milliers de morts dans le pays ces cinq dernières années.
Si l’insurrection était plutôt concentrée dans le nord-est du pays jusqu’alors, deux attentats à la voiture piégée ont fait plus de 90 morts dans la banlieue d’Abuja, la capitale fédérale, en moins de trois semaines, rappelant la menace sérieuse que fait planer Boko Haram sur le pays tout entier.
Relégué au second plan par la mobilisation mondiale autour du sort des lycéennes, le "Forum économique pour l’Afrique" s’ouvre mercredi à Abuja, protégé par des mesures de sécurité exceptionnelles.
Le Premier Ministre chinois Li Keqiang, qui doit assister au sommet, s’entretenait mercredi matin avec le président Jonathan à Abuja.
Plus de 6.000 hommes ont été déployés dans la capitale fédérale nigériane durant le sommet, qui doit s’achever vendredi.
"Cette démonstration de force devrait assurer la sécurité des participants mais le gouvernement nigérian, en profonde difficulté, ne peut pas protéger son peuple, attirer des investissements et exploiter tous les potentiels de son pays s’il ne parvient pas à mettre fin à cette insurrection violente" écrivait mercredi le New York Times dans un éditorial.
© 2014 AFP

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